Page 85 - Vincent_Delavouet
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<sur six cents mètres do profondeur, laissaient apercevoir
            la roche à nu.
              Des machines à air comprimé perçaient des trcus de mine
            chargés ensuite de dynamite et c’est ainsi que l’on faisait
             sauter à volonté d’immenses quartiers de roches, que d’au­
            tres machines broyaient et arrivaient successivement à
            réduire en poussière impalpable, comme de la farine.
              Les moulins, les perceuses, les pilons, au nombre d’un mil­
            lier, pesant plus de cent kilos chacun, étaient mus par la
            vapeur ou l’électricité et le bruit qui se dégageait de cet enfer
            était indescriptible.
              Avec cela, des accidents .nombreux; on négligeait de boiser
            les puits creusés, d’où .des éboulements fréquents, qui ense­
             velissaient les ouvriers occupés en bas. Mais cela passait
            dans les « profits et pertes ». Il n’y avait ni syndicat, ni
            -cohésion parmi ces hommes frustes, tous célibataires, qui
            faisaient bon marché de leur vie.
              Les trois moulins fonctionnaient nuit et jour par deux
            ■équipes se relayant chaque douze heures. Quant à la mine,
            les ouvriers n’y travaillaient que dix heures, également en
            deux équipes, de façon à laisser entre temps évaporer les gaz
            accumulés.
              Cinq mille ouvriers étaient employés dans cette mine,
            chaque manœuvre gagnait 3 dollars et les spécialistes,
            Autrichiens du Tyrcl pour la plupart, chargés de la manipu­
            lation de la dynamite, avaient quatre dollars par jour et se
             logeaient et se nourrissaient à leur compte, dans des cantines
            -appartenant à la Compagnie.
              Je terminerai cette rapide description de ce que j’ai vu par
            moi-même, en expliquant en quelques mots comment l’or
            était recueilli.
              Lorsque ces moulins avaient réduit le quartz aurifère en
             une poussière fine, tout ce résidu passait dans de vastes
            réservoirs remplis d’eau et coulait doucement sur des toiles
            -caoutchoutées.
              En ayant soin d’y mélanger du mercure, qui dissolvait
            l’or en poudre, et le mercure, plus lourd que le sable, restait
            •collé au caoutchouc ; c’est par ce moyen efficace que l’on
            obtenait le meilleur rendement.
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