Page 60 - Vincent_Delavouet
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comme petite fortune, alors que certains emportaient le
million de dollars ! soit cinq millions de francs... en or.
Quant à moi, j’étais dans les tontes petites fortunes, ce qui
ne m’empêchait pas de l’avoir cousue dans une ceinture ad
hoc, autour de mes reins.
Chapitre XIX
En Californie
Juin 1897.
Notre bateau mit environ quatre jours pour rejoindre
l’embouchure du Yukon, qui se jette dans le détroit de
Behring et aboutit à une ville nommée Saint-Michel. C’est à
cet endroit qu’il me fut donné de voir pour la première fois
le soleil de minuit, ce qui est commun l’été dans ces parages.
Puis, je m’embarquai à Nome sur un autre bateau qui
me conduisit, avec tous les prospecteurs, directement à
Seattle (notre point de départ onze mois plus tôt) en neuf
jours de traversée.
C’est à Seattle qu’il me fut donné de voir un spectacle
peu banal. Une nuée de policemen, formant la haie sur notre
passage pour éviter une « ruée ». toujours possible de gens
sans aveu, tout prêts à dévaliser le prospecteur nouveau
débarqué.
Préférant faire monnayer mon or à San-Francisco, où je
savais le change plus avantageux qu’à Seattle, je me réem
barquai à nouveau pour cette destination. Je fis un triage
judicieux de quelques pépites que je voulais conserver pour
fabriquer des chaînes de montre et des tours de cou, puis je
me rendis à la « Monnaie » où l’on me convertit mon or en
belles pièces de 20 dollars or (pièce de 100 francs). (J’ai
encore en ma possession une chaîne de montre que j’ai fait
faire à cette époque et que je conserve précieusement comme
souvenir !) .
De San-Francisco, je m’embarquai pour un pays situé à
peu de distance, dénommé Stockton, un vrai pays de cocagne,