Page 58 - Vincent_Delavouet
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                 entre les indigènes et les étrangers étaient assez convenables
                 en ce sens qu’avec de l’argent (ou de l’or) on obtenait d’eux
                 quelques vivres, produits de leurs chasses ou de leur pêche,
                 de même qu’ils se mettaient à la disposition des explorateurs
                 pour prêter leurs chiens, qui, dans ce pays, servent de moyen
                 de traction.
                   Notre petite association, partie de Seattle avec huit
                 compagnons, était alors réduite à quatre hommes. Malgré le
                 froid, la neige et la nuit, nous nous divisâmes en deux équipes ;
                 deux d’entre nous partaient à la découverte, alors que deux
                 autres restaient alternativement dans la hutte pour sur­
                 veiller notre cargaison et se reposer.
                   C’est ainsi que nous fûmes amenés à trouver une place
                 inexplorée, et nous prîmes toutes les précautions nécessaires
                 pour ne pas nous en faire déloger. Nos papiers, cette fois,
                 étaient en règle.
                   C’est alors que nous transportâmes toutes nos provisions
                 avec nos traîneaux sur ce terrain loué à l’année, et que nous
                 construisîmes une grande hutte avec des arbres abattus. Ces
                 arbres sont d’ailleurs le seul produit du sol qui vienne en
                 abondance et dont chacun peut disposer sans bourse
                 délier.
                   Mais voici où des difficultés presque insurmontables com­
                 mencèrent à surgir. Il s’agissait, avec nos outils, de creuser
                 un puits plus ou moins profond ; nous pensions qu’une
                 fois la neige et la glace enlevées, nous ne trouverions le sol
                 gelé qu’à quelques mètres.
                   Ce fut là, hélas ! une grosse erreur ! Plus nous creusions
                 ane terre aussi dure que le granit, plus nous rencontrions de
                 difficultés à la creuser. En effet, pour arriver à faire un tra­
                 vail utile, nous étions obligés d’entretenir dans le puits de
                 gros* brasiers de bois la nuit, qui dégelaient à peine un mètre
                 de terre, mais qui faisaient écrouler les parois supérieures du
                 puits.
                   On eut recours au« boisage », comme dans les mines de
                 charbon. Il nous fallut une dose de patience, de courage et
                 de persévérance, dont peu d’hommes actuellement seraient
                 capables.
                  Puis, n^Jus avions dépensé alors près de dix mille dollars
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