Page 65 - Vincent_Delavouet
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            des rochers... en or, argent, cuivre et riches gisements de
            charbon furent bouleversés à tel point que les minerais affleu­
            raient le sol.
              Les forêts avaient poussé là-dessus et, pendant des siècles,
            personne ne pouvait se douter combien de richesses étaient
            ainsi enfouies. Ce ne fut qu’en 1895 que Von commença
            sérieusemert à exploiter ces richesses, avec d’autant plus
           d?élan que des machines puissantes avaient été inventées,
            non seulement comme extracteurs, mais surtout pour le
            broyage de la roche, qui exige des machines-outils d’une
            puissance formidable.
              A l’époque donc où je me trouvais dans ces parages trois
            villes s’étaient créées : Goldfield, Victor et Koupekrick ; ce
            qui représentait une agglomération d’une quinzaine de mille
            ouvriers, sans parler de leurs familles.
              Le lecteur peut se figurer combien il m’était facile de
            vendre ma bijouterie à des hommes pour la plupart céliba­
            taires, qui se groupaient par 50 et 75 et qui dépensaient sans
            compter leur haute paye. La population était tellement dense
            que j’aurai pu aller de maison à maison pendant plus de six
            mois, sans repasser une seconde fois par la même ! Un certain
            soir, à l’heure du dîner, j’entrai dans une cantine, qui conte­
            nait environ cent à cent dix ouvriers, et après avoir offert et
            vendu de mes bijoux, montres, chaînes en or, etc., j’appris
            que je me trouvais dans la mine de « l’Eldorado », dont le
            nom lui fut donné en raison de sa richesse. Le contremaître
            m’apprit que n’importe quel ouvrier n’entrait pas dans cette
            mine, qu’il fallait avoir fait ses preuves de capacité et
            d’honnêteté pour y être admis. Malgré cela, des précautions
            étaient prises pour qu’il n’y ait pas de « fuites ». Chaque
            ouvrier était obligé, en arrivant prendre son travail, le ma­
            tin, de quitter ses vêtements et son linge même, et de revêtir
            une tenue de travail, qu’il quittait le soir, à la sortie. C’était
            un règlement de cette importante Compagnie de l’Eldorado,
            qui était suivi très strictement.
              C’est là que j’ai vu d’énormes machines pour broyer le
            rocher et des blocs d’or extraits ainsi de la roche plus gros
            que la tête ; ce qui leur donnait une valeur de vingt à trente
            mille dollars = 100 à 150 mille francs chacun.
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