Page 33 - Vincent_Delavouet
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Quand les Guichon-Giroux arrivèrent à cet endroit,
d’autres explorateurs, bien entendu, les avaient précédés ;
aussi ne s’attardèrent-ils pas à examiner les « restes » de
leurs prédécesseurs et n’eurent-ils qu’un seul objectif :
« toujours en avant ». C’est ainsi que nos quatre pionniers
mirent près d’une année pour remonter péniblement le
cours de cette rivière aurifère et parcoururent ainsi plus de
700 kilomètres pour rattraper les premiers prospecteurs,
qui cherchaient inlassablement l’origine de cette veine d’or
dont quelques parcelles seulement s’échappaient, roulées
par le flot et le gravier.
Chapitre X
Le filon Cuichon-Giroux
Arrivés, non sans peine, vers la fin de l’été 1863, à un
embryon de village, composé de quelques huttes en bois et
dénommé « Much Channel », les quatre amis s’aperçurent
que, si l’or devenait abondant, les vivres, par contre, étaient
rarissimes. Ce fut pour eux une révélation. Au lieu de cher
cher de For, comme tous ces âpres prospecteurs, il existait
un filon bien plus intéressant à exploiter : ravitailler le
pays en vivres, vêtements, outils, etc.
L’idée était merveilleuse, mais son exécution présentait
des difficultés presque insurmontables ; il faut dire qu’à
cette époque, aucune route, aucun sentier même n’était
tracé. Il fallait suivre les traces de précédents explorateurs,
qui avaient laissé quelques points de repère (bois abattu,
traces apparentes), et l’hiver on avait la ressource de voyager
sur la glace de la rivière gelée, mais en tenant compte des
« rapides » semés à foison de glaçons souvent empilés et
impraticables à un traîneau. Impossible à une voiture ou à
un traîneau de suivre la voie de terre, les arbres abattus ou
certaines forêts inextricables en empêchaient l’accès.
Bref, tout ceci est pour montrer quelle patience, quel