Page 32 - Vincent_Delavouet
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                                     Chapitre IX

                                 M. Laurent Guichon

                   Non seulement ce bon M. Guicholi m’accueillit cordiale­
                 ment et me mit de suite à mon aise par sa franchise et son
                 « sans façon », mais il ne fallut pas parler de le quitter ce
                 soir-là. Malgré l’heure tardive, il m’invita à souper (et j’avais
                 grand besoin de me restaurer un peu) ; puis nous continuâ­
                 mes notre conversation jusqu’à trois heures du matin. Il
                 me raconta son histoire, que je transcris fidèlement — ou du
                 moins aussi fidèlement que ma mémoire me le. permet :
                 Originaire des environs du lac du Bourget, ce Monsieur
                 quitta son pays vers 1855, avec trois autres de ses compa­
                 triotes : 1° son frère, Joseph Guichon ; 2° Vincent Giroux ;
                 3° Jean Giroux.
                   Ces quatre hardis pionniers quittèrent leur pays avee
                 le prix de leur voyage comme tout pécule, mais avec une
                 volonté et une énergie capable de capter la fortune.
                   Les Giroux possédaient un peu d’instruction ; les Guichon,
                 aucune. Ce fut vers 1855 qu’ils s’embarquèrent sur un bateau
                 se dirigeant sur le Pérou (en doublant le cap Horn), attirée
                 par Vor que les Espagnols y avaient découvert.
                   Lorsque nos quatre « prospecteurs » arrivèrent au Pérou,
                 ils trouvèrent à s’employer comme « extracteurs », c’est-à-
                 dire simple manœuvres, pour le compte de différents pro­
                 priétaires de mines. Ils se mirent courageusement à la beso­
                 gne, vécurent de privations et, trois ans plus tard, en 1858,
                 se dirigèrent sur la Californie, dont les gisements aurifères
                 attiraient de nombreux chercheurs d’or. Il faut croire que
                 les économies de nos quatre aventuriers n’étaient pas encore
                 suffisantes pour essayer de se mettre « à leur compte »,
                 puisqu’ils continuèrent à travailler comme extracteurs jus­
                 qu’en 1863, époque où ils se dirigèrent sur la Colombie
                 Anglaise, vers l’entrée de la rivière « Fraeser », où l’on venait
                 de découvrir de nouveaux gisements.
                   C’est à l’embouchure de cette rivière que se trouve New-
                 Westminster, ville que je venais de traverser, peu distante
                 de Vancouver.
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