Page 30 - Vincent_Delavouet
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de fer, et avoir vécu plus ou moins bien j’arrivai un beau
jour à Vancouver (Canada), possesseur d’un stock de mar
chandises d’environ 600 francs (120 dollars) et un fonds de
caisse bien liquide de 1100 francs!
Je rappellerai au lecteur, sans autre commentaire, que
j’étais parti de Chicago au printemps précédent, avec
11 fr. 75 en poche !
Chapitre VIII
Rencontre d’un compatriote
Vancouver, novembre 1893.
Ce fut dans ces conditions que je résolus de me reposer
quelques jours à Vancouver et de réfléchir sur mes projets
futurs. Installé dans un bon hôtel, au prix d’un dollar par
jour tout compris (soit 5 francs de notre monnaie de l’épo
que), je m’aperçus que nombre de voyageurs causaient le
français. Ce qui n’avait rien d’étonnant, puisque j’étais au
Canada, pays où de nombreuses familles françaises avaient
émigré aussi bien depuis l’époque de la Révocation de
l’Edit de Nantes, qu’à celle plus récente de la Révolution
Française. Je fus surpris des expressions bizarres employées
dans ma «. langue » dont certaines rappelaient le « vieux
français ».
Je demandai ensuite quelques renseignements à la patronne
de cet hôtel sur le pays, sur les mœurs des habitants/les
coutumes, etc... et elle-même, Italienne de naissance, mais
ayant habité la France, se fit un plaisir de me renseigner
de son mieux.
Ayant appris que j’étais natif de la Savoie, elle me
parla en termes élogieux d’un certain M. Laurent Guichon ;
multi-millionnaire, habitant les environs de Vancouver, parti,
lui aussi, de la Savoie en sabots et ayant édifié une for
tune colossale, grâce à une activité prodigieuse et une téna
cité admirable.