Page 37 - Vincent_Delavouet
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            encore 1© sol, me mis en devoir de remonter la route alors
            faite, que les Guichon avaient suivie trente ans plus tôt,
            c’est-à-dire remonter la rivière Fraeser par petites étapes
            de 40 à 50 kilomètres par jour. C’est ainsi que j’arrivai à
             Much Channel, ancien entrepôt des Guichon-Giroux, aban­
            donné depuis, pour être remplacé par de vastes magasins
             alors fort bien approvisionnés.
               Descendu dans un hôtel de la ville, je fis la connaissance
            d’un Français, du nom de Boulanger, qui fut assez aimable
            pour m’offrir l’hospitalité dans sa ferme toute proche et
            commença à me donner les premières leçons indispensables
            pour un chercheur d’or.
              Ce ne fut que vers le 15 mai, époque où la neige était à
            peu près fondue, que je me dirigeai, d’après les indications
             données, sur Barkville, qui est la capitale du Caribou, soit
            à environ 150 kilomètres plus au nord.
              C’est à Barkville ou dans les environs que des fortunes
            colossales s’étaient édifiées. Tout l’or charrié par la rivière
             Fraeser provenait de pulvérisations produites par un cata­
             clysme préhistorique sans doute, qui avait mis à découvert,
             au pied des Montagnes Rocheuses, des gisements aurifères
             en telle abondance, que' les premiers pionniers qui décou­
             vrirent ces gisements n’eurent qu’à se « baisser pour en
             ramasser à pleine pelle ».
               Il est évident que lorsque j’y arrivai tout le meilleur avait
             été recueilli, mais il n’était pas rare de trouver encore à
             cette époque, à côté de puits complètement fouillés et vidés,
             des poches d’or représentant une petite fortune. Mais c’était
             au hasard de la rencontre ; aucune indication précise ne
             pouvait aider aux recherches.
               Le lecteur me saura gré sans doute de lui indiquer som­
             mairement les deux principaux moyens en usage à cette
             époque pour extraire de l’or.
               Le moyen le plus facile, mais qui ne donnait qu’un faible
             rendement, était de repasser dans les trous ou puits de mine
             abandonnés, et chercher un peu au hasard à retrouver des
             traces d’or échappées au « lavage » des prédécesseurs. C’est
             ainsi qu’avec des instruments rudimentaires, tels que trois
             planches clouées de façon à former un caniveau, il s’agissait
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