Page 38 - Vincent_Delavouet
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de « filtrer » le sable ou gravier ayant des apparences auri
fères, en lavant ce gravier à grande eau.
C’est le même procédé qu’employaient les premiers pros
pecteurs dans le lit d’une rivière. Lorsque l’eau était très
basse, ce phénomène physique se produisait automatique
ment. L’or, plus lourd que le gravier, demeurait au fond
du lit de la rivière, retenu souvent par quelques aspérités
du sol. Mais, je le répète, ce moyen ne donnait qu’un faible
rendement et il fallait, en outre, mélanger de mercure ces
lavages successifs, afin que les parcelles d’or soient dissoutes
et entraînées par le fond.
Le rendement le plus avantageux, mais qui exigeait des
fonds souvent considérables en raison des machines Employées
consistait à mettre à nu des quartiers de roche reconnus
aurifères et de les broyer et pulvériser. Mais il arrive quel
quefois que simplement avec un pic ou une pioche vous
rencontrez, en creusant dans les différentes couches super
pesées, ce qu’on appelle « de la roche pourrie ». Presque
toujours une pépite d’or qui peut varier d’épaisseur s’y
trouve cachée, quelque fois grosse comme le poing, ovale comme
un œuf, ou allongée, se terminant en pointe. Ce sont là des
aubaines inespérées qui récompensent les efforts et donnent
un nouvel élan que l’on peut qualifier de « fièvre de l’or ».
Tous ces renseignements furent précieusement recueillis
par moi pendant les trois semaines suivantes, où il me fallut
attendre la fonte complète de la neige. Ce qui n’eut lieu que
vers fin juin, car dans ces pays glacés, il n’y a guère que
trois mois de végétation, si l’on peut appeler végétation les
quelques salades hâtivement semées autour de la maison.
Comme nourriture, dans ces pays froids, il n’y a que de
la « conserve », surtout comme légumes, quelquefois de rare
gibier, tels que chevreuils ou bœufs sauvages, que l’on cap
ture lorsqu’ils cherchent à s’abreuver près des sources dége
lées. Comme, élevage, néant ; ni chevaux, ni bœufs, ni
animaux de basse-cour, car ils ne peuvent vivre sous ces
froides latitudes.
Un phénomène curieux et peu connu en Europe : c’est
l’apparition, aussitôt la fonte des neiges, de nuées de mous
tiques !... Une grosse espèce d’un gris foncé dont la morsure