Page 40 - Vincent_Delavouet
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                  trous faits et revins directement à Barkville, où je me confiai
                  à un Suisse, en qui je pouvais avoir confiance, afin de lui
                  demander à qui je devais m’adresser pour « recorder » la
                  place que je venais de découvrir. Il me donna les renseigne­
                  ments nécessaires et, le lendemain, je me présentai au com­
                  missionnaire de l’or du gouvernement, afin d’obtenir la
                  concession du terrain, et en devenir locataire pendant une
                  année.
                   Lorsque j’expliquai audit commissaire l’endroit précis
                  où se trouvait mon « gisement », il me rit au nez en me disant
                  que jamais il n’y avait eu d’or dans ce terrain et que je
                  devais être victime d’une hallucination.
                   Mais, devant mon insistance, il fit le nécessaire, me loua
                 environ 100 pieds carrés, me fit payer le droit de place et
                 me remit des étiquettes que je devais coller aux piquets que
                 j’avais à planter pour indiquer l’endroit qui m’avait été
                 concédé. Je recevais en outre comme prime à ma décou-
                * verte 100 autres pieds carrés. Ma concession comprenait donc
                 200 pieds carrés. Je pris avec moi trois hommes que je
                 payai à la journée ; nous construisîmes une petite cabane
                 sur l’emplacement même de mon « claim »avec simplement
                 des piquets aux coins, indiquant exactement la surface
                 concédée, puis nous nous mîmes tous quatre en devoir
                 d’extraire le plus d’or possible, avec le système des plan­
                 ches formant caniveau, ainsi qu’il a été expliqué dans le
                 chapitre précédent.
                   Lorsque l’on sut que ce terrain était aurifère, tout le
                 monde s’y précipita et je fus vivement entouré de voisins.
                 Puis, une grosse Société anglaise eut vent de l’affaire, sur­
                 tout lorsqu’elle apprit qu’avec mon système rudimentaire
                 je pouvais arriver à extraire journellement un millier de
                 francs avec dix heures de travail.
                   Cîest alors que des offres sérieuses me furent faites. La
                 Société en question m’offrit jusqu’à 8.000 dollars, soit
                 40.000 francs pour me déloger. Je refusai et j’eus tort, comme
                 on va le voir. D’autres, plus avisés que moi, vendirent leur
                 droit de place et cette Société s’installa avec une puissante
                 machinerie afin de broyer et attaquer la roche même, peu
                 profonde à cet endroit.
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