Page 106 - Vincent_Delavouet
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Chapitre XXXIII
Mon mariage
Juin 1910.
Je quittai donc Buffalo et surtout cette mégère avec une
grande satisfaction et passai à nouveau au Canada, à Mont
réal, ville de sept à huit cent mille habitants, nouvelle
pour moi.
Ma machine à affûter y était totalement inconnue ; je me
mis en devoir de chercher un magasin central pour la placer
en bonne posture, en lui adjoignant un stock important de
coutellerie.
Je ne m’arrêtai pas au prix assez élevé du magasin que
je découvris en plein centre de la ville, libre de suite et
parfaitement bien situé.
Je louai séance tenante, et me mis immédiatement à faire
une forte réclame pour ma fameuse machine, à laquelle
j’adaptai un moteur électrique. Je n’eus qu’à me louer des
affaires et, au bout de quelque temps, je fis connaissance de
mon voisin, un Français, nommé Dupônt, qui tenait un
magasin d’armurier à côté du mien.
Ce Monsieur était depuis longtemps établi à Montréal,
et avait beaucoup de relations. Je me sentais d’autre part
des dispositions au mariage; étant arrivé à quarante-quatre
ans, il était, en effet, grand temps d’y songer.
Comme je l’ai dit dans un chapitre précédent, je voulais,
avant de me créer une famille, être en mesure de la nourrir
et d’élever les enfants à venir. J’étais alors dans cette situa
tion d’un avenir assuré. Aussi, tout en causant de mes pro
jets à mon voisin Dupont, ce dernier me mit en pourparlers
avec une famille de Québec, dont une des jeunes filles pou
vait me convenir. La famille de cette jeune fille tenait
un commerce d’épicerie et de confiserie en gros ; elle était
très honorable et la demoiselle me plut. C’est ainsi qu’à
partir d’octobre de cette année 1910, jusqu’à la fin de l’année,
nous fîmes plus ample connaissance et que le mariage fut
décidé pour fin janvier suivant.
Autrefois, rien n’était plus facilé, pour un Français,