Page 673 - Les merveilles de l'industrie T1
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INDUSTRIE DU SEL. 669
Fig. 388. — Ancien grenier à sel de Paris (rue Saint Germain-l’Auxerrois, près le théâtre du Châtelet).
de ce moment, le tarif sur la vente du sel privilégiée, que Dieu avait donnée aux rois
n’eut plus rien de fixe. 11 était arbitraire de France pour alimenter leur trésor. On ne
ment fixé en conseil du roi ; de sorte que les pouvait l’extraire de la mer sans leur autori
fermiers généraux qui avaient obtenu d’a sation. Tremper son doigt dans la mer, le
vance, pour un certain nombre d’années et laisser sécher à l’air et l’essuyer sur sa côte
pour un prix déterminé, l'adjudication de lette, pour la saler, aurait été un crime ! Le.
tout le produit de cet impôt, pouvaient sel étant la chose propre du roi, à lui seul
ensuite, au moyen de dons ou pensions qu’ils appartenait le droit de l’extraire de la mer ou
faisaient aux ministres et aux grands sei des mines, à lui seul le droit de le vendre, et
gneurs, faire augmenter indéfiniment le de le vendre au prix qu’il lui convenait de
tarif des droits, ce qui était pour eux la fixer !
source de bénéfices scandaleux. Lorsque les Voici comment se faisait, avant la révo
fermiers avaient acheté le sel aux salines, lution de 1789, la perception du droit sur le
au prix fixé, ils le faisaient conduire eux- sel. Les fabricants de sel étaient astreints à
mêmes dans les greniers à sel, et le faisaient porter cette denrée, sous peine de confisca
vendre au public par leurs commis, au prix tion, dans les greniers à sel, entrepôts établis
qui leur convenait. sur divers points du territoire. Chaque gre
Le sel était incorporé au domaine du roi, nier était administré par un grenetier ou un
c'est-à-dire considéré comme une substance contrôleur. Le grenetier vendait le sel aux