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660 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
animaux qui, autrefois, étaient perdues. Au Dans son ouvrage sur les Etats-Unis
jourd’hui, dans la seule ville de Chicago, d'Amérique, M. Oscar Commettant a donné
dans les Etats-Unis d’Amérique, on tue et on la description d’une usine située dans les
sale plus de 500,000 porcs et de 100,000bêtes environs de la ville de Brooklyn (1) et dans
à cornes chaque année. laquelle on se sert exclusivement d’appareils
11 y a à Chicago, deux périodes pour les I mécaniques pour égorger, dépecer et saler
salaisons, celle d’hiver et celle d’été. La sa les porcs. Dans cet établissement, qui offre
laison d’été a peu d’importance et n’est une des plus singulières applications de la
guère destinée qu’à fournir aux pêcheurs de mécanique, on abat et dépèce chaque jour
morue la provision de viande qui leur est une centaine de ces animaux.
nécessaire pendant leur campagne dans les
parages de Terre-Neuve. Les salaisons d’hi « L’usine de M. Boviello, dit M. Oscar Commettant,
se compose de quatre grands corps de bâtiments
ver sont plus importantes. Elles commen
rattachés tous par des ponts suspendus. Plus loin,
cent au mois de novembre, et durent tout comme des plaines vivantes que va bientôt faucher
la dévorante machine, sont parqués d’innombrables
troupeaux de porcs appartenant à différents pro
priétaires, qui les apportent à cette usine comme
on apporte du blé au moulin pour le moudre.
« A un signal du mécanicien en chef, on lève
une bascule qui communique avec l’entrée d’un pre
mier compartiment de la machine appelée l’égor-
geoir, et l’opération de destruction commence. Les
cochons, très-serrés l’un contre l’autre, voyant une
issue, se précipitent dans ce corps de bâtiment jus
qu’à un couloir étroit, où ils ne peuvent passer
qu’un à un. Arrêtés là un instant, ils ont le cou
traversé par d’énormes couteaux mus par la vapeur
comme tout le reste de la machine. Le cochon,
égorgé en moins d’une seconde, se trouve pris par
les pattes de derrière et traîné violemment par des
crampons qui le hissent jusqu’à une certaine hau
teur. Là, il reste suspendu un instant et passe plus
loin sur un balancier mobile, sans cesse en mouve
ment, qui plonge l’animal dans un puits de vapeur
et finit par l’étouffer en l’échaudant.
« Le cochon, un moment plongé dans le gouffre,
reparaît bientôt pour être saisi par de nouveaux
crampons qui le traînent dans la brosserie. Cette
brosserie cylindrique, munie de fortes brosses qui
agissent en sens contraire, saisit le cochon et lui
fait faire, en le brossant, de dix à quinze révolu
tions dans une demi-minute. Ce laps de temps
suffit pour épiler l’animal et lui rendre la peau
blanche comme celle d’un jeune poulet. Après cette
l’hiver. On trouve aujourd’hui à Chicago opération, il est encore saisi par des crampons qui
le transportent, par un mouvement brutal et symé
d 'immenses usines dans lesquelles les porcs,
trique, dans un carré spécial, où il est fendu par le
amenés par troupeaux énormes, sont abat ventre depuis la queue jusqu’à l’extrémité du mu
tus, et dépecés au moyen de procédés pure seau. Des ouvriers choisissent alors les bonnes par
ties, qu’ils conservent, et jettent le reste dans une
ment mécaniques, puis salés et expédiés en
Europe. Plusieurs centaines de porcs, et
(1) Brooklyn est une ville séparée de New-York seulement
autant de bêtes à cornes sont ainsi dépecés,
par la rivière de l’Est. Elle compte lG,000 âmes, et peut
salés et embarillés en un jour. être considérée comme un faubourg de New-York.