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G3G MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
rement faite avec exactitude; l’emploi de l’aréo- | Figueira, où l’industrie salicicole est égale
mètre est peu répandu sur ces marais. ment exploitée. Toute cette région est, en
« L’alimentation des tables est continuée réguliè
un mot, le théâtre d’une exploitation fort
rement pendant 30 jours environ. Vers le 10 août,
la couche de sel, si la saison a été bonne, mesure étendue.
10 centimètres environ, et l’on procède à la pre Les marais d’Aveiro ressemblent beau
mière récolte; celle-ci a lieu sous l’eau. L’opéra
coup à ceux de l’ouest de la France ; et
tion. qui se fait à l’aide d’uu râble en bois, doit être
conduite avec beaucoup de soin; l’ouvrier doit évi chose remarquable, malgré la promptitude
ter de blesser le feutre qui forme le fond. Le sel, de l’évaporation sous le climat brûlant du
après s’être égoutté quelques heures sur les chemins
Portugal, on y récolte le sel tous les deux
du marais, est transporté et mis en meules sur les
grandes chaussées qui l’entourent. jours, comme dans un marais salant de
«L’eau mère de la récolte est laissée surlestab les l’Ouest. Jamais on n’évapore les eaux à sic-
à cette eau mère on ajoute immédiatement de nou cité, comme on le fait dans les marais de
velles eaux venant des chauffoirs, et l’on continue
l’alimentation à l’aide d’eaux concentrées, comme Sétubal.
pour la récolte précédente, jusqu’aux premiers jours Le marais se compose d’abord d’un ré
de septembre. Pendant ces vingt jours une nouvelle servoir, dans lequel on emmagasine l’eau
couche de sel s’est déposée, moins épaisse que la
de la mer, aux grandes marées. Vient en
précédente, et formée de cristaux plus petits. Cette
deuxième récolte est enlevée des salins de la même suite une série de bassins, où l’eau, sous
façon que la première; l'eau mère qui en provient une faible épaisseur, se dépouille successi
reste comme la précédente sur les tables, et l’on vement des matières insolubles, et du sul
tente, en suivant exactement la même marche, d’ob
tenir une troisième et dernière récolte. Celle-ci n’est fate de chaux, pour arriver ensuite, au mo
jamais abondante : à peine représente-t-elle, dans les ment où elle va déposer du sel, dans un
meilleures circonstances, le sixième de la récolte cristallisoir (œillet de l’Ouest). Le saunier
première; souvent, elle échoue complètement.
y récolte, tous les deux jours, le produit
« Lorsque la dernière récolte est enlevée, le salin
est, par l’intermédiaire du chauffoir, recouvert d’eau formé, sans permettre, comme à Sétubal
nouvelle qui vient s’ajouter aux eaux mères dont ou à Lisbonne, que la couche de sel se so
chaque table reste chargée à la suite de cette ré
lidifie et prenne de l’épaisseur.
colte. Le marais, en cet état, attend la saison sui
vante (I). » Ce procédé est, à peu près, comme on le
voit, celui des sauniers de la Bretagne et
Les sels de Lisbonne sont moins purs à la de la Vendée.
deuxième récolte qu’à la première. C’est Nous emprunterons à M. Aimé Girard la
le même cas que pour les sels de Sé description des marais salants d’Aveiro et
tubal. de la récolte du sel.
Marais salants d’Aveiro. — La baie d’A
« Dans les marais d’Aveiro, dit M. Aimé Girard, le
veiro est formée de deux branches de
réservoir est, en général, de grande dimension; on
l’Océan, dont l’une remonte vers le nord, en voit qui mesurent jusqu’à 10 hectares. Sa pro
en passant devant la petite ville d’Augeia, fondeur est de KO centimètres environ; une vanne
et dont l’autre redescend vers le sud, en permet de le faire communiquer avec la rivière et
par conséquent avec la mer. Une autre vanne éta
passant devant Vagos. Les marais dits d'A
blit la communication entre le réservoir et la pre
veiro sont situés sur le bord de petites ri mière des pièces préparatoires. Celle-ci, que l’on
vières qui débouchent dans cette baie. désigne sous le nom A'alyibe ^citerne), forme une
vaste cuvette rectangulaire dont la largeur est égale
Leur nombre est considérable.
à celle du salin, dont la longueur est de 25 mètres
Au sud d’Aveiro est un autre petit port, environ, et dont la profondeur ne dépasse pas 0m,22.
C’est dans Yalgibe que commencent à se déposer les
(l) Mémoire sur les salines du Portugal (Annales du matières insolubles. A la suite AeYalgibe s’allongent,
Conservatoire des arts et métiers, page 279 et suiv., fé sur les salins, des files parallèles formées chacune de
vrier 1872). pièces identiques, à travers lesquelles l’eau circule