Page 637 - Les merveilles de l'industrie T1
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INDUSTRIE DU SEL.                                633







































                                Fig. 383. — Plan d’un marais salant d’Aveiro (Portugal).


          lin (limper a marinhd). Dans chaque carré, dans   curieux. En eflet, tandis que, dans les salins du Midi,
          la crainte de blesser le feutre qui forme le fond,   on trouve sur le fond des aires, au moment de la ré­
          il pose une planche ou deux, sur lesquelles il   colte, une couche de sel épaisse, mais recouverte
          s’appuie, puis, à l’aide d’un râble en chêne, il ra­  d’une couche d’eau épaisse également, les carrés de
          masse doucement et ramène vers un des coins du   Sétubal, au moment de la première récolte , se
          carré les herbes, la boue et les cristaux de sulfate   montrent recouverts d’une masse cristallisée blan­
          de chaux qui ont pu se déposer sur le sol. En même   che qu’aucune couche liquide ne recouvre, mais
          temps il procède aux réparations que l’hiver a ren­  que mouille seulement une petite quantité d’eau
          dues nécessaires; il redresse les murs, aplanit les   mère. L’évaporation a été conduite jusqu’à siccité.
          chaussées, etc.                             « Le levage de cette couche de sel, qui, dans les
            « Le nettoyage terminé, la concentration continue   bonnes années, atteint 4 centimètres d’épaisseur,
          dans chaque carré ; si la saison est belle, si l’on peut   exige de grandes précautions. Pour l’accomplir,
          espérer une saunaison abondante, on augmente peu   on se sert, non pas de pelles plates comme dans le
          à peu le volume primitif, en envoyant à chaque   midi de la France , mais de râbles en bois. Cette
          carré de l’eau du chauffoir (caldeira) que l’on rem­  opération se fait généralement le soir, à cause de la
          place à son tour par un nouvel envoi du réservoir   haute température du carré, température que les
          (viveiro). Dans ces conditions, vingt jours suffisent,   ouvriers, forcés de marcher sur le fond de ce carré,
          en général, pour que la saunaison commence, et   ne pourraient supporter. Le sel, après qu’on l’a
          quinze ou vingt jours plus tard, elle peut être con­  laissé quelque temps égoutter sur le carré lui-
          sidérée comme complète ; la récolte est mûre.  même, est mis en tas comme de coutume.
            « La récolte ne se fait, bien entendu, que sur les   « La première récolte (primeira camada) achevée, li
          carrés. Le chauffoir reste toujours rempli d’eau   reste, dans chaque carré, une petite quantité d’eaux
          partiellement concentrée; on n’y voit pas de sel dé­  mères. Sans évacuer ces eaux, on renvoie immédia­
          posé, mais seulement de très-beaux cristaux de sul­  tement dans chaque carré 15 centimètres d’eau que
          fate de chaux.                            l’on prend au chauffoir, puis, à cause de l’insuffi­
            « L’aspect de cette première récolte de sel, lors­  sance de celui-ci, au réservoir.
          qu’elle repose encore sur le carré, est extrêmement  «L’évaporation de ces eaux conduit rapidement,
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