Page 620 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 620
616 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
agité, l’eau de pluie, en vertu de la différence contient. Sa garniture d’eau ne diminue
de sa pesanteur spécifique, reste entièrement donc qu’en vertu de l’évaporation. On peut
à la partie supérieure de l’eau salée, et elle remplacer au fur et à mesure l’eau évaporée,
peut être évacuée facilement dans l’égout, en alimentant la table au moyen d’un filet
sans occasionner la perte d’une portion no continu, tellement réglé que l’épaisseur
table des eaux concentrées qui restent au- d’eau reste constante. On peut aussi ne faire
dessous. arriver d’eau nouvelle sur la table qu’à des
intervalles assez éloignés : tous les jours ou
Les salins du Midi offrent deux modes tous les deux jours.
d’arrangement des tables : elles sont indé On produit différents types de sel selon
pendantes les unes des autres, ou disposées en le degré auquel on rejette les eaux mères
jeux dans lesquels cheminent les eaux. Dans des tables salantes. Aux salins de Peccais
le premier cas, on n’obtient qu’un seul type (Aigues-Mortes), les eaux sont rejetées à la
de sel ; dans le second, on peut fractionner mer à 27 ou 28 degrés de l’aéromètre. Au
et classer autant qu’on le veut les produits. salin de Giraud, on ne récolte que le sel
On se borne ordinairement à faire deux ou déposé entre 25 et 27 degrés. Toutefois, les
trois types de sel, chaque type ayant dans le eaux à 27 degrés ne sont pas abandonnées.
commerce ses applications spéciales. Elles sont évaporées davantage, mais seule
Dans le cas où l’on ne veut fabriquer qu’un ment, comme nous le verrons tout à l’heure,
type unique, toutes les tables sont alimen pour en retirer les sels de potasse; le chlo
tées individuellement et communiquent rure de sodium qu’elles déposent de 27
directement avec les avant-pièces. A me degrés à 32°,5 est complètement perdu.
sure que l’évaporation diminue la hauteur Au salin de Giraud, on ne récolte donc
d’eau qu’elles contiennent, on remplace qu’un type de sel. A Peccais on n’obtient
l’eau évaporée par des eaux neuves tirées également qu’un type ; on fait cependant une
des avant-pièces, et la production du sel certaine distinction entre le sel des pièces
marche d’une manière continue. Chaque maîtresses et celui des dernières tables. Dans
introduction d’eau neuve abaisse le degré le salin de Rassuen (dont nous avons donné,
O
de l’eau contenue dans la table; mais, page 608, le plan détaillé), on renvoie les
comme le chlorure de sodium se dépose tou eaux à la mer à 28 degrés. On divise le produit
jours seul, tandis que les autres sels restent en deux types ; le premier déposé entre 25 et
en dissolution, la proportion relative de ces 26 degrés et le second entre 26 et 28 degrés.
derniers s’élève constamment, et l’eau finit Aux Peschiers (Var) on distingue trois types :
par atteindre un degré de concentration 25 à 27, 27 à 29, 29 à 31 degrés ; les eaux à
auquel elle n’est plus propre à donner du 31 degrés sont rejetées à la mer.
sel pur. Cette eau, à laquelle on donne le Ces exemples montrent qu’on ne saurait
nom iïeau mère, est alors enlevée de la table établir d’une manière absolue le nombre
pour être rejetée à la mer ou utilisée pour et la démarcation des types de sels fabri
l’extraction de la potasse. qués dans les salins du Midi.
Dans le cas d’une table à alimenta
tion indépendante, l’enlèvement des eaux Nous ne saurions terminer cette descrip
mères est intermittent, et ne se renou tion des procédés d’extraction du sel des
velle qu’à des intervalles ordinairement eaux de la mer dans les salins du Midi, sans
très-éloignés. La table reste, en général, parler du procédé qui est souvent employé
fermée, et ne laisse pas écouler l’eau qu’elle par les sauniers pour activer la production