Page 625 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 625
INDUSTRIE DU SEL. 621
poration des eaux de la mer qui ont laissé | dente, l'unique source de la production de
déposer le chlorure de sodium, sont perdues, la potasse avait été, primitivement, la com
ou ne servent, tout au plus, qu’à opérer des ! bustion des arbres des forêts. Mais de même
coupages, pour activer la cristallisation du que Nicolas Leblanc nous a donné le moyen
sel. Même dans le cas où l’on pourrait
extraire avec avantage de ces eaux mères les
sels de magnésie, le sulfate de soude et les
selsde potasse qu’elles renferment, l’extrême
division de la propriété salicicole dans
l’Ouest, qui multiplie à l’infini les champs '
d’exploitation , serait un obstacle à leur
traitement industriel. Dans le midi de la
France, au contraire, tous les marais sa
lants sont concentrés entre les mains d’un
petit nombre de compagnies puissantes, qui
ont élevé l’industrie saunière au niveau du
progrès scientifique moderne. L’exploitation
des eaux mères ne pouvait échapper à l’es
prit d’études et de recherches qui caracté
rise ces compagnies. Un chimiste éminent,
M. Balard, de l’institut, professeur à la Sor
bonne et au Collège de France, avait, de son
côté, consacré vingt années de sa vie à
s’occuper de l’exploitation de ces eaux mères.
C’est ce qui explique la longue série d’expé
riences et d’essais qui furent entrepris depuis
1840 jusqu’à ce jour, et qui avaient pour
objet l’extraction de la potasse des eaux
mères des marais salants. d’extraire des eaux de la mer la soude, que
Malheureusement, un fait imprévu, la dé l’on ne retirait autrefois que de la com
couverte d’un immense gisement de chlo bustion des plantes marines, M. Balard a
rure de potassium à Stassfùrt, en Prusse, créé des procédés qui permettent de retirer
est venu bouleverser les conditions com avec économie la potasse de ces mêmes eaux
merciales de cette entreprise, et réduire à de la mer.
des proportions relativement minimes une On a vu par l’analyse chimique de l’eau
industrie qui, logiquement, devait prendre 1 de la mer consignée plus haut (page 589),
un grand développement. L’industrie de que cette eau minérale par excellence, ren-
l’exploitation des eaux mères ne se relèvera ! ferme pour 1 litre, 0gr,004 de potasse. Cette
probablement jamais de ce contre-temps quantité de potasse est bien faible si on la
commercial ; mais cette circonstance n’en rapporte à 1 litre, mais elle est considé
lève rien au mérite de l’inventeur, et ne rable si l’on envisage la quantité d’eau de
peut nous empêcher de parler de l’inven mer qui s’évapore dans un marais salant. On
tion avec tout l’intérêt dont elle est digne. comprend donc que l’extraction de la potasse
' des eaux de la mer soit possible et avan
Comme on l’a vu dans la Notice précé tageuse quand on s’adresse aux résidus de