Page 630 - Les merveilles de l'industrie T1
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626 MERVEILLES Df L’INDUSTRIE.
La méthode salinière des eaux à 35° avait le de 500 kilogrammes de glace par heure, suf
double inconvénient de restreindre la pro fisent pour obtenir, chaque 24 heures, 25 à
duction, et de la rendre irrégulière et in 30 tonnes de sulfate de soude hydraté.
certaine en la faisant dépendre des condi La marche de l’appareil est continue. Les
tions atmosphériques. On fusionna les deux eaux entrent d’un côté telles qu’elles pro
méthodes. On conserva de la méthode sali viennent de la dissolution des sels mixtes,
nière des eaux à 35° ce qu’il y avait d’écono sont frappées au contact des tuyaux de la
mique, et on la rendit industrielle et sûre en machine Carré, autour desquels elles circu
y appliquant les procédés et les appareils lent méthodiquement, sortent à l’extrémité
dont on avait fait usage dans la méthode à 28°. de l’appareil, dépouillées de sulfate de soude,
De plus, on s’affranchit en partie des causes et sont enfin rejetées au dehors, après avoir
de restriction dans la production en ren échangé leur température avec les nouvelles
dant le sol imperméable, soit par des béton eaux qui entrent dans l’appareil.
nages, soit par des piétinages. On arriva ainsi Le sulfate de soude précipité par le froid,
à organiser un système de fabrication qui, est enlevé par une drague, au fur et à mesure
malgré la concurrence des produits prus de sa précipitation, et versé dans de grands
siens, a pu s’établir sur une assez grande cuviers en tôle, de 5 mètres de hauteur, où,
échelle, et fonctionne aujourd’hui dans des par un simple terrage, c’est-à-dire un lavage
conditions relativement fructueuses. par une faible quantité d’eau, qu’on y fait
Voici, en résumé, commenton procède, au tomber goutte à goutte, il acquiert un grand
salin de Giraud, pour extraire la potasse des degré de pureté. Tout se fait mécanique
eaux mères. Les eaux ne restent sur le sol na ment dans ces opérations, et il n’y a presque
turel que jusqu’à 27 degrés de l’aréomètre. point de main-d’œuvre.
A partir de ce degré elles passent d’abord sur Les eaux à 35 degrés qui ont été emma
des tables salantes, dont on a fait piétiner gasinées à la fin de la campagne dans les
le fond par des pieds de chevaux, puis sur grands réservoirs bétonnés, y restent jus
des tables bétonnées. 11 y a 50 hectares de qu’à ce que, sous l’influence des premiers
tables piétinées et 15 hectares de tables bé froids, elles se soient dépouillées d’une par
tonnées. De 32,5 à 35 degrés, on obtient du tie du sulfate de magnésie qu’elles contien
sel mixte, qui est récolté ; puis les eaux à nent. Le traitement ultérieur qu’elles
35 degrés sont enfermées dans plusieurs doivent subir, n’exige pas que ce dépouille
grands réservoirs bétonnés, ayant chacun ment soit poussé aussi loin que dans la
25,000 mètres cubes de capacité. Il y a donc méthode salinière. 11 n’est donc pas néces
jusque-là identité complète avec la méthode saire de les retirer des réservoirs et de les y
salinière à 35 degrés. La différence réside réintégrer après exposition sur des tables,
dans le traitement qu’on fait subir soit aux comme cela avait lieu, et on évite ainsi la
sels mixtes récoltés, soit aux eaux à 35 de principale cause de déperdition de potasse
grés emmagasinées. qui était inhérente à cette méthode.
Les sels mixtes sont dissous et la dissolu Quand les eaux sont suffisamment appau
tion est soumise à l’action du froid artificiel, vries en sulfate de magnésie,et jugées propres
obtenu par les machines Carré. Il suffit d’a au traitement, on les extrait des réservoirs,
baisser la température à — 5°, pour que la et on les amène dans des appareils d’ébulli
précipitation du sulfate de soude soit à peu tion, où elles sont concentrées jusqu’au
près complète. Deux machines Carré, pou moment où la liqueur bouillante marque
vant produire chacune en froid l’équivalent 36 degrés à l’aréomètre de Baumé,