Page 630 - Les merveilles de l'industrie T1
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              La méthode salinière des eaux à 35° avait le   de 500 kilogrammes de glace par heure, suf­
              double inconvénient de restreindre la pro­  fisent pour obtenir, chaque 24 heures, 25 à
              duction, et de la rendre irrégulière et in­  30 tonnes de sulfate de soude hydraté.
              certaine en la faisant dépendre des condi­  La marche de l’appareil est continue. Les
              tions atmosphériques. On fusionna les deux   eaux entrent d’un côté telles qu’elles pro­
              méthodes. On conserva de la méthode sali­  viennent de la dissolution des sels mixtes,
              nière des eaux à 35° ce qu’il y avait d’écono­  sont frappées au contact des tuyaux de la
              mique, et on la rendit industrielle et sûre en   machine Carré, autour desquels elles circu­
              y appliquant les procédés et les appareils   lent méthodiquement, sortent à l’extrémité
              dont on avait fait usage dans la méthode à 28°.   de l’appareil, dépouillées de sulfate de soude,
              De plus, on s’affranchit en partie des causes   et sont enfin rejetées au dehors, après avoir
              de restriction dans la production en ren­  échangé leur température avec les nouvelles
              dant le sol imperméable, soit par des béton­  eaux qui entrent dans l’appareil.
             nages, soit par des piétinages. On arriva ainsi   Le sulfate de soude précipité par le froid,
             à organiser un système de fabrication qui,   est enlevé par une drague, au fur et à mesure
             malgré la concurrence des produits prus­   de sa précipitation, et versé dans de grands
             siens, a pu s’établir sur une assez grande   cuviers en tôle, de 5 mètres de hauteur, où,
             échelle, et fonctionne aujourd’hui dans des   par un simple terrage, c’est-à-dire un lavage
             conditions relativement fructueuses.       par une faible quantité d’eau, qu’on y fait
               Voici, en résumé, commenton procède, au   tomber goutte à goutte, il acquiert un grand
             salin de Giraud, pour extraire la potasse des   degré de pureté. Tout se fait mécanique­
             eaux mères. Les eaux ne restent sur le sol na­  ment dans ces opérations, et il n’y a presque
             turel que jusqu’à 27 degrés de l’aréomètre.   point de main-d’œuvre.
             A partir de ce degré elles passent d’abord sur   Les eaux à 35 degrés qui ont été emma­
             des tables salantes, dont on a fait piétiner   gasinées à la fin de la campagne dans les
             le fond par des pieds de chevaux, puis sur   grands réservoirs bétonnés, y restent jus­
             des tables bétonnées. 11 y a 50 hectares de   qu’à ce que, sous l’influence des premiers
             tables piétinées et 15 hectares de tables bé­  froids, elles se soient dépouillées d’une par­
             tonnées. De 32,5 à 35 degrés, on obtient du   tie du sulfate de magnésie qu’elles contien­
             sel mixte, qui est récolté ; puis les eaux à   nent. Le traitement ultérieur qu’elles
             35 degrés sont enfermées dans plusieurs    doivent subir, n’exige pas que ce dépouille­
             grands réservoirs bétonnés, ayant chacun   ment soit poussé aussi loin que dans la
             25,000 mètres cubes de capacité. Il y a donc   méthode salinière. 11 n’est donc pas néces­
             jusque-là identité complète avec la méthode   saire de les retirer des réservoirs et de les y
             salinière à 35 degrés. La différence réside   réintégrer après exposition sur des tables,
             dans le traitement qu’on fait subir soit aux   comme cela avait lieu, et on évite ainsi la
             sels mixtes récoltés, soit aux eaux à 35 de­  principale cause de déperdition de potasse
             grés emmagasinées.                         qui était inhérente à cette méthode.
               Les sels mixtes sont dissous et la dissolu­  Quand les eaux sont suffisamment appau­
             tion est soumise à l’action du froid artificiel,   vries en sulfate de magnésie,et jugées propres
             obtenu par les machines Carré. Il suffit d’a­  au traitement, on les extrait des réservoirs,
             baisser la température à — 5°, pour que la   et on les amène dans des appareils d’ébulli­
             précipitation du sulfate de soude soit à peu   tion, où elles sont concentrées jusqu’au
             près complète. Deux machines Carré, pou­   moment où la liqueur bouillante marque
             vant produire chacune en froid l’équivalent   36 degrés à l’aréomètre de Baumé,
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