Page 631 - Les merveilles de l'industrie T1
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INDUSTRIE DU SEL.                                627


             Cette concentration s’opérait d’abord dans   Les eaux qui sortent des évaporateurs et
           des chaudières plates, analogues aux chau­  qui marquent 36 degrés de l’aréomètre (pen­
           dières qui servent à la concentration des   dant l’ébullition), se rendent aux cristalli-
           eaux des sources salées, mais on fut contraint   soirs, pour y déposer le chlorure double de
           d’y renoncer, à cause des dépôts qui incrus­  potassium et de magnésium. Elles circu­
           taient ces chaudières. De plus, la dépense en   lent méthodiquement autour de serpentins
           combustible était considérable. Aujourd’hui   qui sont parcourus par un courant d’eau
           on fractionne l’opération. Une première éva­  froide. Un système d’hélice et de drague
           poration, celle qui précède la formation des   analogue à celui des évaporateurs, permet
           dépôts, se fait dans le four dit four P or ion,   de conduire au dehors de l’atelier le chlo­
           système de chauffage dans lequel le com­  rure double de potassium et de magné­
           bustible est parfaitement utilisé. De là les   sium, au fur et à mesure de sa précipitation
           eaux se rendent dans les évaporateurs. Ce   dans les cristallisoirs, et de le déposer dans
           sont de grandes bâches en tôle,-rectangu­  de grands cuviers en tôle de 5 mètres de
           laires, dont le fond est de forme parabo­  hauteur, semblables à ceux qui servent à
           lique, et où sont suspendus des serpentins   recueillir le sulfate de soude.
           chauffés à la vapeur.                       Quant à l’eau mère dernière, qui est com­
             Ces évaporateurs sont construits de façon   posée de chlorure de magnésium à peu près
           à ce que les dépôts qui se forment pendant   pur, elle est rejetée. Depuis quelque temps
           l’ébullition, qui est très-vive, tombent au fond   cependant,l’emploi de la magnésie en agricul­
           de la bâche, où ils sont saisis par une hélice   ture et la valeur de jour en jour plus considé­
           et poussés jusqu’à l’extrémité de l’évapora-   rable de l’acide chlorhydrique, ont permis de
           teur. Là une drague les prend et les rejette   tirer parti de ce chlorure de magnésium, en
           au dehors. Il se fait bien aussi des dépôts sur   procédant comme nous l’avons dit en parlant
           les serpentins suspendus au milieu du li­  de la méthode salinière des eaux à 35 degrés.
           quide ; mais chacun des serpentins (il y en a   Toutes les opérations que nous venons de
           cinq par évaporateur) peut être enlevé toutes   décrire se font mécaniquement et d’une
           les six heures, et plongé dans un bain d’eau   manière continue, et comme pour le sulfate
           douce, qui les débarrasse de leurs dépôts. Le   de soude, on a soin de disposer les appareils
           chauffage à la vapeur ainsi pratiqué a per­  de façon à ce qu’il puisse y avoir échange
           mis de surmonter complètement les obstacles   de température entre les liquides.
           qui avaient longtemps entravé l’opération.  Le chlorure double de potassium et de
             La figure 381 représente Vévaporateur   magnésium est extrait des grands cuviers,
           des eaux mères employé au salin de Giraud.   et traité par de l’eau froide, qui dissout
           A, est la bâche ou caisse de métal renfer­  seulement le chlorure de magnésium et ne
           mant les eaux à évaporer; B, B, les cinq ser­  touche pas au chlorure de potassium qui
           pentins qui amènent, au moyen du tuyau E,   est beaucoup moins soluble dans l’eau. Le
           la vapeur du générateur pour chauffer lè   chlorure de potassium, mis en liberté, est
           liquide. Ces serpentins se démontent pour   lavé et séché à l'essoreuse, et n’a pas besoin
           les débarrasser des dépôts salins qui se   d’être raffiné davantage pour être employé. 11
           font à leur surface. CC, est l’hélice, placée   renferme en effet 15 0/0 au plus de chlo­
           à la partie inférieure, et qui, par son mou­  rure de sodium et presque point de sulfate.
           vement de rotation, amène les dépôts salins   Le chlorure de potassium ainsi obtenù
            formés par l’ébullition à la grue DH, d’où   est en partie livré au commerce et en partie
            ils tombent dans un récipient, F.         converti, sur place, en azotate de potasse ;
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