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624 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
conférences, on s’occupa, non-seulement de par cet obstacle. L’invention des machines
fixer d’une manière précise, d’après les ré réfrigérantes de M. Carré vint bientôt lui
sultats obtenus tant au Bagnas qu’à Rassuen suggérer une heureuse solution du pro
et à Berre, les règles à suivre dans l’exploi blème. Ce n’est pas seulement avec une
tation des eaux mères, mais encore de dé dissolution de sel mixte (sel marin et sulfate
terminer approximativement les dépenses de magnésie) qu’on peut, par refroidisse
de première installation nécessitées par l’ex ment, obtenir du sulfate de soude ; les eaux
ploitation nouvelle et la valeur des produits mères à 32°,5 et même l’eau vierge à 25 de
qu’elle devait fournir. grés, peuvent en fournir, pourvu qu’on
Dès 1851, le traitement des eaux mères fut abaisse suffisamment leur température. Seu
organisé au salin de Berre par la méthode lement la proportion de sulfate de soude
des eaux à 35 degrés. Mais les résultats obtenue est d’autant moindre et l’opération
ne répondirent pas à toutes les espérances exige une température d’autant plus basse,
qu’on avait conçues. Le sol de Berre, beau que la dissolution est moins riche en sul
coup plus perméable que celui du Bagnas, fate de magnésie. Les appareils Carré four
laissait perdre une portion considérable des nissent les moyens d’extraire immédia
eaux mères ; la perte allait croissant à me tement du sulfate de soude des eaux qui
sure que la concentration augmentait et que viennent de déposer du chlorure de so
les eaux devenaient ainsi plus précieuses. dium. M. Merle jugea bon de ne soumettre
Cependant, comme d’une part, on trouva à l’action du froid que des eaux moyen
des débouchés avantageux pour le sulfate nement concentrées. Il fixa à 28 degrés la
de magnésie, et que, d’autre part, le prix limite de la cristallisation du chlorure de
toujours croissant du chlorure de potassium, sodium. La méthode nouvelle prit, par suite,
qui s’éleva bientôt à 55 et 60 francs, com le nom de méthode des eaux à 28 degrés, et
pensait en partie la perte éprouvée sur le voici comment on la met en pratique.
rendement prévu , les résultats obtenus à Méthode des eaux à 28 degrés. — Les eaux
Berre furent, en définitive, excellents, et ne mères des marais, salants parvenues à
firent que confirmer les espérances qu’on 28 degrés de l’aréomètre de Baumé, sont em
fondait sur les eaux mères. La compagnie magasinées dans de vastes et profonds ré
des salins du Midi (société Renouard) ré servoirs, où on les accumule pendant toute
solut d’exploiter les eaux mères dans son la campagne salinière. Elles sont ensuite
immense salin de Peccais, et M. Henry reprises dans ces réservoirs, toute l’année,
Merle, secondé par un ingénieur distingué, au fur et à mesure des besoins.
M. Levât, disposa le vaste salin de Giraud Ces eaux sont d’abord soumises, dans les
(dont la superficie est environ de 1,000 hec appareils Carré, à un froid de — 18°. Elles
tares) pour l’exploitation des eaux mères par abandonnent ainsi une forte proportion de
la méthode des eaux à 35°. sulfate de soude. Des appareils Carré elles
Malheureusement le sol de la Camargue, passent dans des chaudières, où on les con
se trouva être beaucoup moins imperméable centre au moyen du combustible. Dans ces
qu’on ne l’avait pensé. A Giraud, plus en chaudières on obtient du sel marin raffiné,
core qu’à Berre, on constata que, dans l’ex auquel son extrême légèreté assure des dé
ploitation des eaux mères, la difficulté capi bouchés avantageux. Après avoir été ame
tale est de se procurer la matière première nées dans les chaudières à 36 degrés de con
des opérations. centration, les eaux sont conduites dans des
M. Henry Merle ne se laissa pas arrêter cristallisoirs. Le chlorure double de potas-