Page 618 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 618
614 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
vrir d’eau entièrement, sans être obligé d’en tablement aussi avec la nature du sol, qui
mettre en aucun point une forte épaisseur. peut absorber une partie des eaux plus ou
Ce point est fort important, la concentration moins concentrées, de sorte que toute l’eau
due à une évaporation donnée étant évidem n’arrive pas jusqu’aux tables ; il faut, par
ment en raison inverse de l’épaisseur de la suite, que les partènements soient plus éten
couche d’eau. dus.
Les partènements ne doivent pas être trop On admet généralement que, pour un sa
étendus. En effet, l’action du vent pourrait lin alimenté d’eau de mer, la superficie des
mettre à nu une partie du sol, en accumulant tables doit être de un sixième à un dixième
une épaisseur d’eau plus forte sur le reste, de la superficie totale (un sixième dans un
de sorte que la totalité de la surface du sol terrain argileux, un dixième dans un terrain
ne serait plus utilisée pour l’évaporation. sablonneux).
L’étendue d’un partènement est donc très-
variable. Ses dimensions ordinaires sont de Nous avons dit que, quand les eaux ont
50 à 120 mètres de côté. atteint un certain degré de concentration, il
L’épaisseur d’eau dans les partènements faut les élever à un niveau supérieur, pour
doit être constamment réglée d’après l’acti que le cheminement automatique du liquide
vité de l’évaporation ; par suite elle varie puisse continuer. Arrivons à la description
continuellement. Cette épaisseur est géné des moyens d’élever les eaux du dernier
ralement de 0m,05 à 0“,10 centimètres. partènement aux tables salantes.
Tous les partènements qui font partie On opère cette élévation dans beaucoup
d’un même jeu communiquent les uns avec de salins quand le liquide est près de cris
les autres, par des ouvertures ménagées dans talliser, c’est-à-dire quand il est arrivé à 22
les ardes et placées diagonalement de façon ou 23 degrés de l’aréomètre. Cette eau est re
à éviter que l’eau d’un bassin reste en ma çue dans des avant-pièces, où elle se clarifie,
jeure partie stagnante. Ces ouvertures sont en même temps que sa concentration s’a
ou peuvent être fermées par de petites van chève. Les avant-pièces sont donc placées à
nes, nommées martelières. Le niveau des la partie la plus élevée du salin. L’eau élevée
partènements va, comme on l’a vu, en s’a à ce niveau se rend ensuite automatiquement
baissant à mesure que l’on avance dans le aux tables, par les canaux d’alimentation.
jeu. L’eau les parcourt automatiquement, La hauteur à laquelle l’eau est élevée, et
mais il faut régler sa vitesse d’après l’acti le degré de concentration de l’eau au mo
vité de l’évaporation ; c’est à quoi l’on par ment de l’élévation, varient beaucoup, d’un
vient en ouvrant plus ou moins les marte salin à l’autre, suivant les conditions topo
lières. graphiques.
La série des partènements se termine par Pour les élévations d’eau à de grandes hau
un ou plusieurs réservoirs chargés d’alimen teurs, on emploie des pompes foulantes,
ter les tables salantes. Ces réservoirs portent mues par des machines à vapeur. Mais
le nom A'avant-pièces. Ils doivent contenir comme les élévations d’eau dans l’intérieur
une quantité d'eau assez considérable pour du salin ne se font généralement que sur
assurer l’alimentation des tables. de faibles hauteurs ne dépassant pas 1 mètre,
Les rapports de superficie entre les tables on emploie presque partout des roues hol
salantes et les partènements varient naturel landaises ou des tijmpans, énormes roues
lement avec le degré initial de concentration qui, traversant l’eau, en prennent une cer
de l’eau salée, mais ces rapports varient no- ; taine quantité dans leur concavité, et la pro