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               vrir d’eau entièrement, sans être obligé d’en   tablement aussi avec la nature du sol, qui
               mettre en aucun point une forte épaisseur.   peut absorber une partie des eaux plus ou
               Ce point est fort important, la concentration   moins concentrées, de sorte que toute l’eau
               due à une évaporation donnée étant évidem­  n’arrive pas jusqu’aux tables ; il faut, par
               ment en raison inverse de l’épaisseur de la   suite, que les partènements soient plus éten­
               couche d’eau.                             dus.
                 Les partènements ne doivent pas être trop   On admet généralement que, pour un sa­
               étendus. En effet, l’action du vent pourrait   lin alimenté d’eau de mer, la superficie des
               mettre à nu une partie du sol, en accumulant   tables doit être de un sixième à un dixième
               une épaisseur d’eau plus forte sur le reste,   de la superficie totale (un sixième dans un
               de sorte que la totalité de la surface du sol   terrain argileux, un dixième dans un terrain
               ne serait plus utilisée pour l’évaporation.   sablonneux).
               L’étendue d’un partènement est donc très-
               variable. Ses dimensions ordinaires sont de   Nous avons dit que, quand les eaux ont
               50 à 120 mètres de côté.                  atteint un certain degré de concentration, il
                 L’épaisseur d’eau dans les partènements   faut les élever à un niveau supérieur, pour
               doit être constamment réglée d’après l’acti­  que le cheminement automatique du liquide
               vité de l’évaporation ; par suite elle varie   puisse continuer. Arrivons à la description
               continuellement. Cette épaisseur est géné­  des moyens d’élever les eaux du dernier
               ralement de 0m,05 à 0“,10 centimètres.    partènement aux tables salantes.
                 Tous les partènements qui font partie     On opère cette élévation dans beaucoup
               d’un même jeu communiquent les uns avec   de salins quand le liquide est près de cris­
               les autres, par des ouvertures ménagées dans   talliser, c’est-à-dire quand il est arrivé à 22
               les ardes et placées diagonalement de façon   ou 23 degrés de l’aréomètre. Cette eau est re­
               à éviter que l’eau d’un bassin reste en ma­  çue dans des avant-pièces, où elle se clarifie,
               jeure partie stagnante. Ces ouvertures sont   en même temps que sa concentration s’a­
               ou peuvent être fermées par de petites van­  chève. Les avant-pièces sont donc placées à
               nes, nommées martelières. Le niveau des   la partie la plus élevée du salin. L’eau élevée
               partènements va, comme on l’a vu, en s’a­  à ce niveau se rend ensuite automatiquement
               baissant à mesure que l’on avance dans le   aux tables, par les canaux d’alimentation.
               jeu. L’eau les parcourt automatiquement,    La hauteur à laquelle l’eau est élevée, et
               mais il faut régler sa vitesse d’après l’acti­  le degré de concentration de l’eau au mo­
               vité de l’évaporation ; c’est à quoi l’on par­  ment de l’élévation, varient beaucoup, d’un
               vient en ouvrant plus ou moins les marte­  salin à l’autre, suivant les conditions topo­
               lières.                                   graphiques.
                 La série des partènements se termine par   Pour les élévations d’eau à de grandes hau­
               un ou plusieurs réservoirs chargés d’alimen­  teurs, on emploie des pompes foulantes,
               ter les tables salantes. Ces réservoirs portent   mues par des machines à vapeur. Mais
               le nom A'avant-pièces. Ils doivent contenir  comme les élévations d’eau dans l’intérieur
               une quantité d'eau assez considérable pour   du salin ne se font généralement que sur
               assurer l’alimentation des tables.        de faibles hauteurs ne dépassant pas 1 mètre,
                 Les rapports de superficie entre les tables   on emploie presque partout des roues hol­
               salantes et les partènements varient naturel­  landaises ou des tijmpans, énormes roues
               lement avec le degré initial de concentration   qui, traversant l’eau, en prennent une cer­
               de l’eau salée, mais ces rapports varient no- ;  taine quantité dans leur concavité, et la pro­
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