Page 619 - Les merveilles de l'industrie T1

INDUSTRIE DU SEL. G15

jettent à une certaine hauteur. Ces roues vaillé avec le plus grand soin. Il est aplani
sont mues par des chevaux ou des mules, et et nivelé très-exactement. Il est quelquefois
le plus ordinairement par des machines à revêtu du feutre Dol, sorte de tapis végétal
vapeur. qui se forme, comme il a été dit plus haut,
Nous représentons ici (fig. 378) la roue à la suite d’un arrosage d’eaux faibles suc­
hollandaise qui est en usage au grand salin cédant à des eaux salées, et qui, par un
de Giraud. On voit, par l’échelle qui accom­ traitement convenable, acquiert une solidité
pagne ce dessin, que l’eau n’est pas élevée à et une imperméabilité remarquables. Ce
plus d’un mètre. ! feutre, en isolant le sel de la terre plus ou
Au salin de la Fangouze, qui fait partie du moins colorée qui forme le fond des tables,
groupe connu sous le nom de Peccais (près exerce sur la blancheur du sel la plus heu­
d’Aigues-Mortes) on a établi une nouvelle reuse influence.
machine élévatoire consistant en une turbine Le long et autour des tables régnent des
à axe horizontal. Cette machine permet d’é­ । canaux, appelés aiguilles., dont le fond est à
lever l’eau à volonté à une hauteur plus ou un niveau plus bas que le fond des tables.
moins grande, tandis que le tympan n’é­ j Chaque table peut communiquer, par des
lève l’eau qu’à un seul niveau invariable. martelières, avec l’aiguille qui la longe. Les
La turbine élévatoire de la Fangouze est aiguilles, étant mises en communication
mue par une machine à vapeur locomobile. avec les canaux d’alimentation qui partent
Rapportés à la tonne de sel, les frais d’é­ des avant-pièces, permettent de garnir les
lévation de l’eau varient beaucoup, pour un tables.
même salin, d’une année à l’autre ; en effet, En outre, ces mêmes aiguilles peuvent
ces frais sont à peu près fixes et indépendants être mises en communication avec un sys­
de la récolte. Ils grèvent d’autant moins tème d’égouts, qui permet de vider complè­
chaque tonne de sel que la récolte est plus tement les tables et de rejeter à la mer la
abondante. En général, ces frais sont compris totalité des eaux mères qu’elles renferment.
entre un maximum de 2 francs et un Cette faculté de vider complètement et
minimum de 30 centimes par tonne de sel. rapidement les tables est très-importante.
Dans certains salins exceptionnellement Elle permet d’évacuer entièrement les eaux
favorisés, les frais d’élévation, c’est-à-dire mères, c’est-à-dire les eaux qui ont laissé
de mouvement d’eau, descendent au-dessous déposer du chlorure de sodium et sont très-
de 30 centimes par tonne. chargées de sels étrangers. L’évacuation des
Les tables salantes sont construites avec eaux mères exerce évidemment une très-
beaucoup plus de soin que les partène­ grande influence sur la pureté du produit.
ments. Elles ont ordinairement une forme De plus, grâce au système d’égouts dont
régulière, rectangulaire ou carrée. Leurs nous venons de parler, on peut prévenir les
dimensions sont très-variables, elles ont en mauvais effets de la pluie. On peut, en effet,
général 50, 00 mètres de côté. Leurs parois après une pluie, enlever très-rapidement
latérales sont formées par des planches sou­ la couche superficielle du liquide contenu
tenues au moyen de piquets verticaux. Cet dans les tables en faisant fonctionner les
encadrement en planches exerce une très- déversoirs dont sont munies les marle-
heureuse influence sur la propreté du sel ; lières qui servent à établir la communication
il empêche les terres délayées par la pluie entre chaque table et l’aiguille qui la longe.
de couler dans la table et de souiller le sel Par ce moyen, on arrive souvent à neutra­
qui s’y dépose. Le fond des fables est tra­ liser l’action d’une pluie. Si l’air n’est pas