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600 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
veut en extraire le sel, on les dirige, par des tent et se retrouvent intégralement dans le
tuyaux, dans des poêles, ou chaudières en tôle. produit.
Ces poêles, de forme rectangulaire, sont Les eaux mères sont extraites des poêles
chauffées à la houille ; mais elles ne sont pas I quand le sel que l’on recueille commence à
couvertes, comme celles des salines de l’Est. prendre une teinte rougeâtre : elles mar
L’alimentation de ces chaudières est, en quent alors 28 à 30 degrés. Elles ne sont pas
général, discontinue: on n’y introduit d’eau abandonnées ; on les révivifie et on les repasse
que toutes les vingt-quatre heures. L’épais au raffinage.
seur d’eau dans la poêle, est de 0m,40 à La révivification consiste à les chauler,
O"',50 au moment où l’on vient d’alimen c’est-à-dire à les traiter par la chaux, comme
ter : elle se réduit, au bout de vingt-quatre nous l’avons expliqué en parlant de l’évapo
heures, à0m,10 environ. ration et du traitement des eaux salées pro
En faisant varier la température de l’éva venant des sondages. La chaux débarrasse
poration et la durée des cuites, on peut, à les eaux de la totalité de la magnésie, qui
volonté, obtenir du sel plus ou moins gros. est précipitée. En même temps, la majeure
Si l’on veut fabriquer du sel raffiné pro partie de l’acide sulfurique se dépose à
prement dit, ou sel fin fin, on maintient l’état de sulfate de chaux.
l’eau en ébullition, et l’on tire le sel conti Autant que possible, on ne raffine que
nuellement pendant toute la durée de la des sels vieux, c’est-à-dire conservés depuis
cuite. deux ans sur les muions. Le sel de deux ans
Pour fabriquer des sels moyens et gros, on subit, au raffinage, un déchet de 10 pour 0/0 ;
procède par simple évaporation, sans ébulli avec des sels de l’année, le déchet atteint 18
tion, et l’on ne tire le sel qu’à intervalles as à 20 pour 0/0. De plus, le raffinage avec le
sez éloignés : toutes les vingt-quatre heures, sel nouveau se fait mal; les eaux prennent
par exemple, ou tous les deux jours. Le sel vite une densité élevée et deviennent pres
est en grains d’autant plus gros que la tem que immédiatement visqueuses. 11 faut fré
pérature d’évaporation est moins élevée et quemment interrompre le travail pour les
qu’on tire le sel moins souvent, c’est-à-dire évacuer, et le sel obtenu est toujours très-
qu’on donne aux cristaux plus de temps pour déliquescent.
se nourrir et se développer. Le combustible employé pour le raffinage
Au sortir des poêles, le sel raffiné est placé du sel de l’Ouest, est la houille anglaise. On
sur des planches, où il s’égoutte. Autant en consomme environ 50 kilogrammespour
que possible, on le laisse sécher par simple 50 kilogrammes de sel raffiné.
égouttage. Ce n’est que dans le cas où l’on
veut satisfaire à des demandes très-pressées Le simple nettoyage, ou lavage du sel,
que l’on sèche le sel raffiné dans des étuves. revient à 50 centimes les 100 kilogrammes,
Uétuvage a, en effet, divers inconvénients. le blanchiment revient à 4 francs 50 par 100
Les sels desséchés de cette manière prennent kilogrammes. Le sel blanchi coûte donc fort
souvent une couleur rouge; de plus, les peu en plus que le sel gris. Aussi, outre les
sels fins étuvés deviennent excessivement I usages de la table, l’emploie-t-on pour la sa
hygrométriques. Cela tient à ce que, par laison des sardines, à cause de la finesse des
l’égouttage, les sels étrangers déliquescents cristaux qui rende, l’absorption plus rapide.
(chlorure de magnésium, etc.) s’écoulent
avec l’eau; par l’étuvage, au contraire, l’eau
seule s’évapore, les sels déliquescents res