Page 604 - Les merveilles de l'industrie T1
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                veut en extraire le sel, on les dirige, par des   tent et se retrouvent intégralement dans le
                tuyaux, dans des poêles, ou chaudières en tôle.   produit.
                Ces poêles, de forme rectangulaire, sont    Les eaux mères sont extraites des poêles
                chauffées à la houille ; mais elles ne sont pas I  quand le sel que l’on recueille commence à
                couvertes, comme celles des salines de l’Est.  prendre une teinte rougeâtre : elles mar­
                  L’alimentation de ces chaudières est, en   quent alors 28 à 30 degrés. Elles ne sont pas
                général, discontinue: on n’y introduit d’eau   abandonnées ; on les révivifie et on les repasse
                que toutes les vingt-quatre heures. L’épais­  au raffinage.
                seur d’eau dans la poêle, est de 0m,40 à    La révivification consiste à les chauler,
                O"',50 au moment où l’on vient d’alimen­  c’est-à-dire à les traiter par la chaux, comme
                ter : elle se réduit, au bout de vingt-quatre   nous l’avons expliqué en parlant de l’évapo­
                heures, à0m,10 environ.                   ration et du traitement des eaux salées pro­
                  En faisant varier la température de l’éva­  venant des sondages. La chaux débarrasse
                poration et la durée des cuites, on peut, à   les eaux de la totalité de la magnésie, qui
                volonté, obtenir du sel plus ou moins gros.  est précipitée. En même temps, la majeure
                  Si l’on veut fabriquer du sel raffiné pro­  partie de l’acide sulfurique se dépose à
                prement dit, ou sel fin fin, on maintient   l’état de sulfate de chaux.
                l’eau en ébullition, et l’on tire le sel conti­  Autant que possible, on ne raffine que
                nuellement pendant toute la durée de la   des sels vieux, c’est-à-dire conservés depuis
                cuite.                                    deux ans sur les muions. Le sel de deux ans
                  Pour fabriquer des sels moyens et gros, on   subit, au raffinage, un déchet de 10 pour 0/0 ;
                procède par simple évaporation, sans ébulli­  avec des sels de l’année, le déchet atteint 18
                tion, et l’on ne tire le sel qu’à intervalles as­  à 20 pour 0/0. De plus, le raffinage avec le
                sez éloignés : toutes les vingt-quatre heures,   sel nouveau se fait mal; les eaux prennent
                par exemple, ou tous les deux jours. Le sel   vite une densité élevée et deviennent pres­
                est en grains d’autant plus gros que la tem­  que immédiatement visqueuses. 11 faut fré­
                pérature d’évaporation est moins élevée et   quemment interrompre le travail pour les
                qu’on tire le sel moins souvent, c’est-à-dire   évacuer, et le sel obtenu est toujours très-
                qu’on donne aux cristaux plus de temps pour   déliquescent.
                se nourrir et se développer.                Le combustible employé pour le raffinage
                  Au sortir des poêles, le sel raffiné est placé   du sel de l’Ouest, est la houille anglaise. On
                sur des planches, où il s’égoutte. Autant   en consomme environ 50 kilogrammespour
                que possible, on le laisse sécher par simple   50 kilogrammes de sel raffiné.
                égouttage. Ce n’est que dans le cas où l’on
                veut satisfaire à des demandes très-pressées   Le simple nettoyage, ou lavage du sel,
                que l’on sèche le sel raffiné dans des étuves.   revient à 50 centimes les 100 kilogrammes,
                Uétuvage a, en effet, divers inconvénients.   le blanchiment revient à 4 francs 50 par 100
                Les sels desséchés de cette manière prennent   kilogrammes. Le sel blanchi coûte donc fort
                souvent une couleur rouge; de plus, les   peu en plus que le sel gris. Aussi, outre les
                sels fins étuvés deviennent excessivement I   usages de la table, l’emploie-t-on pour la sa­
                hygrométriques. Cela tient à ce que, par   laison des sardines, à cause de la finesse des
                l’égouttage, les sels étrangers déliquescents   cristaux qui rende, l’absorption plus rapide.
                (chlorure de magnésium, etc.) s’écoulent
                avec l’eau; par l’étuvage, au contraire, l’eau
                seule s’évapore, les sels déliquescents res­
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