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594 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
dit, le paludier a introduit l’eau de mer dans | très; dans la Gironde, 5 mètres sur 6.
la vasière, ou le cobier, et vers le 15 mai il a Pendant que le sel se dépose, le paludier
fait pénétrer l’eau dans les compartiments ! a le soin d’agiter avec son rouable, l'eau du
qui lui font suite. Cette eau s’évapore un peu, marais, ainsi que le sel qui s’y trouve dé
et gagne quelques degrés de concentration posé. Le sel se forme toujours à la surface
dans la vasière môme. On fait arriver l’eau extérieure de l’eau; mais par l’agitation qu’a
de la vasière progressivement sur le cobier, soin de produire le paludier, la croûte mince
les fares et les adernes. On arrive ainsi peu de sel qui se montre à la surface, est préci
à peu à couvrir toute la saline d’une mince pité eau fond, et le cristal grossit plus tard,
couche d’eau, jusqu’aux œillets exclusive ; par la précipitation de nouvelles molécules
ment. On a eu soin de bien préparer le fond salines autour de ce noyau.
de V œillet, de le nettoyer et d’enlever la L’eau sort du cobier à 5 ou 6 degrés de
vase, et d’en lisser le fond avec une pelle ! l’aréomètre; elle atteint dans les couches 7 à
plate. 8 degrés; elle présente dans les fares une
Si le temps est favorable, l’évaporation concentration croissante, qui s’élève, à l’ar-
marche alors régulièrement. ! rivée dans les adernes, à 16, 17 et 18 degrés.
Le paludier doit constamment régler la On recueille le sel tantôt tous les jours,
progression de l’eau dans toutes les parties । tantôt tous les deux jours. Si le temps est
de la saline, d’après l’activité de l’évapora très-beau, ou si l’on tient à avoir du sel as
tion. Sur le cobier et les [ares, il s’étudie à sez fin et très-léger, on tire le sel tous les
ne mettre qu'une épaisseur d’eau aussi faible jours. Si, au contraire, on veut un sel plus
que possible. 11 cherche seulement à bien grainé et plus compacte, on ne le récolte
couvrir toutes les surfaces, de manière à les que tous les deux jours.
utiliser très-complètement pour l’évapora Quand on ne tire le sel que tous les deux
tion. L’irrégularité du fond, toujours im jours, on introduit cependant une nouvelle
parfaitement nivelé, force seule à mettre provision d’eau de l’aderne dans l’œillet,
sur certaines parties une épaisseur un peu toutes les vingt-quatre heures. En même
forte. Sur les parties les plus élevées, la temps qu’on introduit cette provision d’eau
couche n’a pas plus de I à 2 centimètres. neuve, on agite, au moyen d’un rouable, l’eau
Les œillets ont une étendue telle que le et le sel déjà formé, afin, disent les palu
paludier, placé sur une des levées de terre diers, de faire grossir le grain. C’est vers
(/a dure'), puisse, avec son rouable, en attein le soir que se fait cette introduction d'eau
dre toutes les parties. Ce rouable est une neuve. Le sel menu qui s’était déjà formé
planche en bois, d’environ un mètre de se redissout ordinairement en partie pendant
long, emmanchée perpendiculairement à la nuit. Cela tient à ce que l’eau de Yaderne
une tige de bois de 5 à 6 mètres de longueur. est loin d’être saturée, puisqu’elle ne mar
C’est dire que les œillets ne dépassent guère que en général que 17 à 18 degrés. Mais le
la dimension d’un carré de 5 à 6 mètres de lendemain le sel cristallise de nouveau plus
côté. Nous avons dit que la surface d’un œillet abondamment et en gros cristaux.
dans le Morbihan ne dépasse pas 44 mètres
carrés (6 mètres sur 7). A l’île de Ré, les œil 11 s’agit alors de retirer du bassin le sel
lets ont de 5 à 6 mètres de large sur 6 à 7 mè cristallisé. Cette opération est délicate et
tres de long. Aux Sables-d’Olonne ils ont 6 à demande une grande habitude, unie à beau
7 mètres de côté ; à Saint-Gilles (Vendée), coup d'adresse. Les cristaux de sel reposent
5 mètres sur 4; à Beauvoir, 6ra,6 sur 8 mè- sur la vase excessivement molle qui forme