Page 594 - Les merveilles de l'industrie T1
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590                   MERVEILLES DF] L’INDUSTRIE.

                       l’exécute sur les rivages de l’Océan ou sur les   là elle passe dans d’autresbassins, qui portent
                       bords de la Méditerranée. Une description   le nom de fares ou adernes dans la Loire-
                       particulière est donc indispensable pour   Inférieure, et de muants, de morts ou d'aires
                       chacune de ces industries. Occupons-nous   dans d’autres départements. Elle arrive
                       d’abord de l’extraction du sel dans l’Ouest.  enfin dans les cristallisoirs, ou œillets.
                         Les départements de l’Ouest dans lesquels   En cheminant dans cette série de bassins
                       on se livre à l’extraction du sel, sont au   et de compartiments, l’eau se concentre de
                       nombre de six : 1° le département d’Ille-et-   plus en plus. Elle atteint la saturation dans
                       Vilaine (côte de la Manche) ; — 2° le dé­  les œillets. C’est dans ces derniers compar­
                       partement de la Charente-Inférieure ; —   timents que le sel se dépose, et qu’on le re­
                       3° celui de la Loire-Inférieure ; — 4’ celui   cueille au fur et à mesure de sa formation.
                       du Morbihan ; — 5° celui de la Vendée; —     Un mot sur chacune de ces parties d’un
                       fi” celui de la Gironde.                   marais salant dans l’Ouest.
                         En outre, il existe dans le département    La vasière est un vaste réservoir d’eau
                       de la Manche, à Avranches, une ancienne    qui doit alimenter le marais salant, au
                       et très-intéressante industrie que nous ne   fur et à mesure de la concentration du li­
                       pouvons passer sous silence : nous voulons   quide. Le niveau de la vasière doit être tel
                       parler du lavage des sables marins, opéra­  que le cheminement des eaux à travers toutes
                       tion qui s’exécute également sur les côtes   les subdivisions du marais, jusqu’aux œillets,
                       de l’Angleterre et de l’Ecosse.            s’opère en vertu de la pente naturelle du sol.
                         C’est dans les départements de la Cha­     Il résulte de ce niveau élevé que la va­
                       rente-Inférieure, de la Loire-Inférieure et   sière ne peut recevoir d’eau de la mer dans
                       de la Gironde, que sont les salines les plus   les marées ordinaires, et ne peut se remplir
                       importantes.                               qu’aux plus grandes marées de chaque mois.
                         Sur les plages de l’ouest, comme sur     Elle doit, par conséquent, contenir assez
                       celles du midi de la France, l’extraction du   d’eau pour alimenter la saline pendant un
                       sel s’opère au moyen de l’évaporation de   mois. La vanne qui ferme la communication
                       l’eau de la mer, produite par l’influence du   entre l’eau de mer et la vasière, n’est ou
                       soleil et du vent, dans de larges surfaces ap­  verte qu’au moment de cette grande marée,
                       propriées à cette industrie, et que l’on   quand on veut renouveler l'approvisionne­
                       nomme marais salants.                      ment d’eau.
                                                                    Emprisonnée dans la vasière pendant un
                         Voici d’une manière générale la disposi­  mois, l’eau y subit déjà une certaine concen­
                       tion d’un marais salant dans l’ouest de la   tration. De son degré initial, qui est de 3 de­
                       France (1).                                grés de l’aréomètre de Baumé, l’eau de ]a
                         L’eau de mer arrive, par un petit canal   vasière arrive souvent à 5 ou 6 degrés de
                       muni d’une vanne, dans un grand réservoir,   ce même aréomètre. On prend dans la va­
                       qui porte le nom de vasière. De la vasière   sière une épaisseur d'eau d’autant moindre
                       elle passe dans un deuxième grand bas­     que l’alimentation est plus facile. En effet,
                       sin, que l’on nomme cobier. L’eau de mer, un   si l’alimentation est assurée à toutes les ma­
                       peu concentrée, passe dans une série de    rées, on doit chercher à utiliser la vasière
                       compartiments, en général rectangulaires,   plutôt comme chauffbir que comme réser-
                       qu’on désigne sous les noms de couches. De I voir. Or la concentration de l’eau dans un
                                                                  chauffoir marche évidemment d’autant plus
                         (1) Voir la figure 364, page 585, qui donne le plan des ma­
                       rais salants du Brouage.                   vite que l’épaisseur est moindre. L’épaisseur
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