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d’eau dans les vasières varie de 20 centi Les dimensions ordinaires des œillets
mètres à 75. sont de 10m,3 sur 7“,5, soit 70 à 75 mètres
Le cobier, qui reçoit directement les eaux carrés. Tous les œillets des régions de Gué-
de la vasière, est un bassin de dimen rande et de Mesquer ont uniformément ces
sions très-variables et de forme ordinaire dimensions. Dans le Morbihan, on en trouve
ment très-irrégulière. Il est placé en dehors de plus petits : 6m sur 7“,3, soit 44 mètres
de l’ensemble des fares, adernes et œillets, carrés.
c’est-à-dire de lasa/mepropremcnt dite.Quel Les dimensions des adernes et des fares
quefois le cobier est un réservoir assez pro sont beaucoup plus variables que celles des
fond qu’on peut regarder comme une se œillets. On peut cependant indiquer comme
conde vasière ; mais plus souvent c’est un dimensions assez ordinaires : pour les fares,
simple chauffoir qui ne reçoit qu’une très- 7 à 8 mètres sur 10 à 12 mètres; pour les
faible épaisseur d’eau. adernes, 10 mètres sur 20 mètres.
La saline proprement dite (composée des Les digues qui séparent les salines et les
fares, adernes et œillets} est une surface vasières les unes des autres, sont assez éle
plate, dont les bords sont formés par les di vées, surtout celles qui doivent prévenir
gues qui la séparent soit de la vasière, soit l’inondation des salines par les hautes mers.
des salines voisines. Tout le fond de la sa Elles ont souvent 4 ou 5 mètres de hauteur
line est découpé en compartiments rectan au-dessus du fond des salines. La différence
gulaires, par de petites digues, qui portent le de niveau entre les hautes et les basses mers
nom de ponts. Les compartiments qui sont atteint jusqu’à 5 mètres, 5m,50. Des marées
disposés sur le pourtour, sont les fares : ils exceptionnelles peuvent même passer par
sont placés en enfilade, de manière que l’eau dessus les digues.
sortant du cobier les parcoure successive Ces digues servent de voies de circulation
ment. On a soin de placer les communica à travers le salin. L’eau passe de la vasière
tions entre les fares de telle sorte que l’eau au cobier par un canal qui traverse la digue,
traverse diagonalement chacun d’eux. et se compose d’un trou d’arbre percé lon
Après avoir ainsi parcouru le pourtour de gitudinalement. On nomme dans l’Ouest, ce
la saline, l’eau arrive dans les adernes et enfin petit conduit de bois un cuy.
dans les œillets, qui occupent la partie cen L’eau pénètre dans les œillets par depe-
trale, c’est-à-dire la plus basse de la cuvette. tits trous ménagés dans des ardoises implan-
Les adernes sont de grands compartiments téés dans les ponts qui séparent le délivre
rectangulaires qui terminent la série des des œillets. Ces petits trous sont plus ou
chauffoirset alimentent les œillets, au moyen moins élevés. En débouchant tantôt l'un,
d’un canal appelé délivre. tantôt l’autre, on peut régler à volonté l’é
Au milieu des longs côtés de chacun des paisseur d’eau sur l’œillet. Une pente très-
œillets, on a ménagé une petite plate-forme faible assure le cheminement de l’eau.
demi-circulaire accolée au pont. Toutes ces
plates-formes se trouvent réunies deux à Dans l’ouest de la France, on appelle pa
deux de manière à former des cercles com ludier l’ouvrier qui se livre à l’exploitation
plets : on les appelle ladures. C’est sur les des marais, et saunier le simple porteur de
ladures que se tient le paludier quand il fait sel. Nous allons voir quel est le travail du
chaque jour la récolte du sel; il rassemble paludier.
et dépose sur la ladure le sel qu’il retire de Pendant l’hiver, le marais est abandonné
Vœlliet. à lui-même. L’eau de mer, très-affaiblie