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INDUSTRIE DU SEL                                 59i

         d’eau dans les vasières varie de 20 centi­  Les dimensions ordinaires des œillets
         mètres à 75.                              sont de 10m,3 sur 7“,5, soit 70 à 75 mètres
           Le cobier, qui reçoit directement les eaux   carrés. Tous les œillets des régions de Gué-
         de la vasière, est un bassin de dimen­    rande et de Mesquer ont uniformément ces
         sions très-variables et de forme ordinaire­  dimensions. Dans le Morbihan, on en trouve
         ment très-irrégulière. Il est placé en dehors   de plus petits : 6m sur 7“,3, soit 44 mètres
         de l’ensemble des fares, adernes et œillets,   carrés.
         c’est-à-dire de lasa/mepropremcnt dite.Quel­  Les dimensions des adernes et des fares
         quefois le cobier est un réservoir assez pro­  sont beaucoup plus variables que celles des
         fond qu’on peut regarder comme une se­    œillets. On peut cependant indiquer comme
         conde vasière ; mais plus souvent c’est un   dimensions assez ordinaires : pour les fares,
         simple chauffoir qui ne reçoit qu’une très-   7 à 8 mètres sur 10 à 12 mètres; pour les
         faible épaisseur d’eau.                   adernes, 10 mètres sur 20 mètres.
           La saline proprement dite (composée des   Les digues qui séparent les salines et les
        fares, adernes et œillets} est une surface   vasières les unes des autres, sont assez éle­
         plate, dont les bords sont formés par les di­  vées, surtout celles qui doivent prévenir
         gues qui la séparent soit de la vasière, soit   l’inondation des salines par les hautes mers.
         des salines voisines. Tout le fond de la sa­  Elles ont souvent 4 ou 5 mètres de hauteur
         line est découpé en compartiments rectan­  au-dessus du fond des salines. La différence
         gulaires, par de petites digues, qui portent le   de niveau entre les hautes et les basses mers
         nom de ponts. Les compartiments qui sont   atteint jusqu’à 5 mètres, 5m,50. Des marées
         disposés sur le pourtour, sont les fares : ils   exceptionnelles peuvent même passer par­
         sont placés en enfilade, de manière que l’eau   dessus les digues.
         sortant du cobier les parcoure successive­  Ces digues servent de voies de circulation
         ment. On a soin de placer les communica­  à travers le salin. L’eau passe de la vasière
         tions entre les fares de telle sorte que l’eau   au cobier par un canal qui traverse la digue,
         traverse diagonalement chacun d’eux.      et se compose d’un trou d’arbre percé lon­
           Après avoir ainsi parcouru le pourtour de   gitudinalement. On nomme dans l’Ouest, ce
         la saline, l’eau arrive dans les adernes et enfin   petit conduit de bois un cuy.
         dans les œillets, qui occupent la partie cen­  L’eau pénètre dans les œillets par depe-
         trale, c’est-à-dire la plus basse de la cuvette.  tits trous ménagés dans des ardoises implan-
           Les adernes sont de grands compartiments   téés dans les ponts qui séparent le délivre
         rectangulaires qui terminent la série des   des œillets. Ces petits trous sont plus ou
         chauffoirset alimentent les œillets, au moyen   moins élevés. En débouchant tantôt l'un,
         d’un canal appelé délivre.                tantôt l’autre, on peut régler à volonté l’é­
           Au milieu des longs côtés de chacun des   paisseur d’eau sur l’œillet. Une pente très-
         œillets, on a ménagé une petite plate-forme   faible assure le cheminement de l’eau.
         demi-circulaire accolée au pont. Toutes ces
         plates-formes se trouvent réunies deux à    Dans l’ouest de la France, on appelle pa­
         deux de manière à former des cercles com­  ludier l’ouvrier qui se livre à l’exploitation
         plets : on les appelle ladures. C’est sur les   des marais, et saunier le simple porteur de
         ladures que se tient le paludier quand il fait   sel. Nous allons voir quel est le travail du
         chaque jour la récolte du sel; il rassemble   paludier.
         et dépose sur la ladure le sel qu’il retire de   Pendant l’hiver, le marais est abandonné
         Vœlliet.                                  à lui-même. L’eau de mer, très-affaiblie
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