Page 583 - Les merveilles de l'industrie T1

INDUSTRIE DU SEL 579

l’eau douce introduite dans le trou de sonde, dépôt nommé schlot, provenant du sulfate
par l’espace annulaire, l’eau salée que l’on de chaux, et que ces incrustations qui se
•a retirée. Au bout de quelques années d’ex­ déposent au fond des poêles, y forment des
ploitation, l’excavation produite à la base du couches très-adhérentes, qui forcent d’ar­
trou de sonde par la disparition du sel, s’a­ rêter l’opération. On prévient ces dépôts
grandit et devient assez vaste pour fournir terreux en chaulant les eaux, c’est-à-dire
sans interruption une dissolution presque en les traitant par un lait de chaux, avant
saturée. de les introduire dans les poêles.
Les salines de Montmorot, Salins et Gou- Voici ce qui arrive quand on traite les
henans n’ont jamais été exploitées que par eaux salées par un lait de chaux avant de les
dissolution. Le gîte salifère de Fallon était évaporer : le sulfate de magnésie est dé­
autrefois exploité par puits et galeries, mais composé par la chaux; la magnésie, insoluble
la mine fut inondée par des eaux souter­ dans l’eau, se précipite en totalité, et l’acide
raines. Ce qui parut alors un accident ir­ sulfurique forme du sulfate de chaux, inso­
rémédiable, est aujourd’hui mis à profit; le luble, qui se précipite. L’eau est, par consé­
tuyau d’aspiration de la pompe est installé quent, en grande partie privée de sulfate de
dans le puits qui servait autrefois à l’extrac­ chaux.
tion du sel en roche. Le chaulage se fait dans les réservoirs.
Après une extraction active et prolongée, On laisse les eaux s’éclaircir par le dépôt de
le degré de saturation de l’eau fournie par la magnésie, du sulfate de chaux et de la
un trou de sonde peut fléchir sensiblement ; chaux en excès, avant de les envoyer aux
mais il suffit de laisser reposer un peu le chaudières.
trou de sonde, pour que ce degré remonte Le chaulage n’est pratiqué qu’à Mont­
très-près de la saturation. morot. Les eaux de Salins étant beau­
Les eaux salées extraites du trou de sonde coup moins chargées de sulfates que celles
contiennent, en même temps que du chlo­ de Montmorot, on se dispense de les chau­
rure de sodium, divers sels étrangers : du ler. A Gouhenans, le chaulage est inutile,
sulfate de chaux, du sulfate de magnésie, puisque les eaux sont exemptes de sulfates.
du chlorure de magnésium. Mais ces sels
étrangers sont en proportion incomparable­ En faisant varier la température et la
ment moindre que dans l’eau de mer. Les durée de l’évaporation, on obtient, dans les
eaux de Gouhenans, notamment, sont d’une salines de l’Est, un sel plus ou moins gros.
pureté remarquable : elles ne contiennent On distingue ordinairement, d’après la gros­
pas une proportion appréciable de sulfates seur du grain, quatre variétés de sel igni-
et seulement une quantité très-faible de gène : gros, moyen, fin et finfin.
•chlorure de magnésium. Dans la plupart des salines, le sel finfin est
Les eaux élevées au jour par les pompes obtenu par ébullition. La surface du liquide
sont emmagasinées dans de grands réser­ étant constamment agitée par le dégage­
voirs, ordinairement en bois, qui portent ment des bulles de vapeur, les cristaux qui
le nom de bessoirs. De ces réservoirs, les viennent s’y former se précipitent presque
eaux sont conduites par des tuyaux aux aussitôt au fond de la poêle. Dans la fabri­
poêles, dans lesquelles elles sont évaporées cation du sel finfin, la récolte est continue :
par le feu. un ouvrier ramène constamment les cris­
Nous avons dit que pendant l’évaporation taux vers le bord de la poêle, à l’aide d’un
dans les chaudières, il se fait toujours un redable en tôle, et il les retire immédiate­

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