Page 588 - Les merveilles de l'industrie T1
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584                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                     certain que le chlorure de sodium cessera   basses du globe. Ainsi se formèrent les mers.
                     d’être retiré des mines ou des fontaines    Mais les eaux qui avaient lavé toute la
                     salées, et que le produit extrait de la mer   surface terrestre, avaient dissous tous les
                     suffira à la consommation du monde entier,   éléments solubles de cette surfacé. Par con­
                     quelle que soit la situation du consommateur   séquent, les eaux accumulées dans ces cavi­
                     au point de vue géographique. En France,   tés et bas-fonds que nous nommons les
                     du reste, cet effet commence à se produire ;   mers, se trouxrèrent chargées de toutes les
                     les sels recueillis sur nos côtes vont se mettre   matières solubles qui existaient sur le sol
                     en concurrence avec les produits ignifères   du globe primitif.
                     de l’Est, aux lieux mêmes de leur production,   Le même phénomène qui s’est produit
                     et ce qui existe déjà en France sur une petite   aux temps les plus reculés de F existence de
                     échelle est l’indice certain de ce qui arrivera   notre planète, continue de nos jours. Les
                     partout dans les siècles prochains.       pluies tombant sur le sol, se chargent de
                                                              i tous les principes solubles qui s’y trouvent,
                       Puisque c’est l’eau de mer qui est la   puis les rivières et les fletrvesles conduisent
                     grande source industrielle du chlorure de   à la mer.
                     sodium, nous devons étudier avec un soin    Ainsi l’eau de la mer est la grande eau
                     particulier cette eau, tant sous le rapport   minérale, c’est l’eau minérale par excel­
                     physique qu’au point de vue chimique.     lence ; elle renferme tout ce qui est suscep­
                       Et d’abord quelle est la cause de la miné­  tible d’être dissous par l’eau à la surface du
                     ralisation de l’eau de la mer? D’où provien­  globe. Étudions cette eau, sous le rapport
                     nent les substances salines qu’elle renferme   de ses différentes propriétés.
                     en quantité si considérable? Voilà une ques­
                     tion qui embarrasse singulièrement les gens   L’eau de la mer a une odeur particulière,
                     du monde, et à laquelle tous les savants ne   qu’on appelle odeur de marée et qui est sen­
                     seraient pas en état de répondre.         sible surtout près des côtes. Cette odeur
                       Pour expliquer l’abondance des sels dans   rappelle celle des substances organiques en
                     l’eau de la mer, il faut remonter à la for­  voie de décomposition. Elle est aussi incolore
                     mation même de notre globe : la cause de la   que l’eau pure quand on la regarde en petites
                     salure de l’eau de la mer est une cause géo­  quantités ; mais vue en grandes masses, elle
                     logique.                                  présente une couleur bleue-verdâtre.
                       A son origine première, notre globe était   La couleur de la mer n’est pas identique
                     liquide et entouré de vapeurs de toutes   partout, et les différences tiennent à diverses
                     sortes. En se refroidissant dans sa course à   causes, telles que les substances organiques
                     travers l’espace, il passa à l’état solide, et   ou minérales qui tapissent le fond et dont la
                     les vapeurs d’eau qui l’entouraient et lui   couleur est variable, ou les matières étran­
                     faisaient une sorte d’atmosphère, se conden­  gères qui se trouvent mélangées dans la
                     sèrent et retombèrent en pluies brûlantes à sa   masse même de l’eau. La coloration de la
                     surface. Ces eaux ruisselèrent sur toute l’éten­  mer Rouge s’explique, selon Ehrenberg, par
                     due de la sphère terrestre, depuis les plus   la présence d’oscillaires, que l’on a rangés
                     hautes montagnes jusqu’aux plus profondes   tantôt dans.le règne végétal, tantôt dans le
                     anfractuosités du globe. Les pentes, les dé­  règne animal. La couleur légèrement rou­
                     clivités du sol, eurent ensuite pour résultat   geâtre qu’on remarque dans l’eau de la mer
                     de réunir la masse de ces eaux dans les   qui baigne les côtes de la Californie, est éga­
                     grandes vallées et dans toutes les parties   lement attribuée à des animalcules mici'o-
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