Page 578 - Les merveilles de l'industrie T1
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574                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                       tangulaire, I, I. Ils servent à échauffer préa­  combinaison de sulfate de chaux et de sul­
                       lablement l’air qui doit s’introduire sous   fate de soude, combinaison insoluble dans-
                       les grilles des foyers, G, G. Cet air parcourt   l’eau.
                       les conduits I dans toute leur longueur,    L’ouvrier saunier, armé d’ün long râble,
                       et ne s’introduit sous le cendrier, G, qu’a-   retire le schlot de la liqueur bouillante, et
                       près s’ctre considérablement échauffé. Ainsi   le dépose dans de petits augets en tôle per­
                       alimenté par de l’air chaud, le charbon donne   cés de trous, qui sont suspendus au-dessus
                       plus de chaleur, et le foyer n’est pas refroidi.  de la liqueur bouillante. Par ce moyen, la
                         Pour donner une idée de la façon dont   petite quantité de chlorure de sodium que
                       sont disposées les hottes par-dessus les four­  retient le schlot est dissoute par les vapeurs
                       neaux, nous donnerons ici (fig. 355) la coupe   d’eau qui se dégagent de la chaudière, et
                       de la hotte en planches des chaudières d’é­  retombe dans cette meme chaudière.
                       vaporation employées dans les salines de    Cette opération porte le nom de schlotage.
                       Bavière. B, D, sont les hottes, composées de   Au bout de 15 à 20 heures, on introduit
                       parties rectangulaires prismatiques, B, et   dans la chaudière de nouvelles eaux salées
                       d’une partie pyramidale, D. Ces hottes qui   provenant de la source, de manière à réta­
                       surmontent les chaudières, A, A, ne portent   blir le niveau de l’eau qui s’était abaissé
                       pas, ainsi que nous l’avons dit, sur la chau­  par évaporation. Cette nouvelle eau salée
                       dière même. Elles sont supportées, en par­  donne un second schlot que l’ouvrier enlève
                       tie, par des montants sur les massifs en ma­  avec son redable, et réunit au premier. Le
                       çonnerie de ces chaudières, et en partie par   second schlotage dure 8 à 10 heures.
                       des montants recourbés,/, <7, reliés par leur   L’opération qui termine s’appelle le sali­
                       extrémité supérieure à la charpente du bâ­  nage. Elle consiste à achever l’évaporation
                       timent.                                   et à transvaser le liquide dans des bassins
                                                                 où le sel doit cristalliser. Le salinage dure
                         Suivons maintenant l’évaporation des dis­  plusieurs jours.
                       solutions salines dans les chaudières. 11 y   Le sel cristallise en trémies si l’on n’a pas
                       a là une série de phénomènes qu’il importe   troublé sa cristallisation, et en grains plus
                       de mettre en relief.                      ou moins fins si on l'a empêché de cris­
                         Quand l’eau commence à bouillir, on voit   talliser, en poussant plus ou moins le feu, ou
                       s’y produire tout aussitôt une écume, pro­  en agitant la liqueur pendant les derniers
                       venant des matières organiques contenues   temps de l’évaporation.
                       dans l’eau de la source salée, matières que   Pendant la fin de l’évaporation, une cer­
                       l’ébullition coagule ou décompose. Quelques   taine quantité de schlot continue de se for­
                       saliniers jugent bon d’ajouter un peu de   mer, et s’attache au fond des chaudières.
                       sang de bœuf, c’est-à-dire d’albumine, pour   Au bout de 12 ou 15 cuites il faut détacher
                       hâter la séparation de cette matière coagu­  ce schlot, car les chaudières ainsi encroû­
                       lable, de même que dans les sucreries on   tées conduiraient mal la chaleur, et don­
                       clarifie avec de l’albumine les liqueurs su­  neraient lieu à des soubresauts pendant
                       crées cristallisables.                    l’évaporation. Ce dépôt, connu sous le nom
                         L’évaporation continuant, il se fait un   ^'écailles, s’enlève à coups de ciseaux, non
                       dépôt abondant de sulfate de chaux. Ce sel   sans dommage pour la chaudière.
                       se combine avec du sulfate de soude et forme
                       ce composé, si connu dans les salineries,qui   Comme le chlorure de sodium n’est guère
                       porte le nom de schlot. Le schlot est une   plus soluble à chaud qu’à froid, on ne peut
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