Page 485 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOLDES ET LES POTASSES. 481
de Leblanc. Cette formation de carbonate de ' mélange de charbon et de carbonate do
soude fut pour lui un véritable trait de lu chaux. Mais ce fut en vain.
mière, au milieu de l’obscurdédale où il était Désespérant de réussir par lavoiehumide,
engagé. 11 comprit que l’acide carbonique Leblanc recourut à la voie sèche. Il mêla
serait un moyen excellent pour la fabrication une dissolution très-concentrée de sulfure
de la soude. Intervenant pendant la réaction de sodium avec du carbonate de chaux et du
du charbon sur le sulfure, ce gaz pourrait, charbon, et chauffa le mélange dans une
en effet, chasser l’hydrogène sulfuré, empê- marmite de fonte ; puis la température fut
cher la production du sulfure, et fournir, ' élevée au rouge et la niasse se trouva en
en définitive, le carbonate de soude qu’il partie fondue. 11 laissa refroidir à part la
s’agissait d’obtenir. portion fondue ; alors, l’ayant dissoute dans
Leblanc se trouvait donc sur la voie de ce ? l’eau et traitée par les acides et le nitrate
qu’il cherchait. Cependant, il était loin en de plomb, il reconnut que la dissolution
core d’avoir atteint son but. La préparation contenait beaucoup moins de sulfure que
dans ses précédentes expériences.
Ce résultat fut immédiatement communi
qué au chimiste Darcet, qui conseilla de
répéter l’expérience dans un creuset. Le
conseil fut suivi. La calcination directe du
sulfate de soude avec le charbon et le car
bonate de chaux fut aussitôt essayée, et elle
réussit complètement. Leblanc obtint, en
opérant ainsi, ses premiers cristaux de soude
carbonatée. C’est en 1790 que ce grand ré
sultat fut obtenu.
Ainsi le problème si longtemps poursuivi
était résolu; une industrie nouvelle, d’une
portée incalculable, venait de prendre nais
sance. Elle était le résultat des inspirations de
de la Métherie, des recherches infatigables
de Leblanc et de la collaboration de Dizé,
éclairés par les conseils de Darcet. C’est
dans le laboratoire de Darcet, au Collège de
France, qu’avaient eu lieu ces expériences
mémorables.
Fig. 329. — Le duc d’Orléans (Philippe-Égalité}.
11 ne suffisait pas néanmoins d’avoir ob
industrielle du carbonate de soude ne pou tenu des cristaux de soude factice dans des
vait évidemment s’effectuer d’une manière essais de laboratoire ; il fallait traiter en
pratique avec l’acide carbonique gazeux. Le grand ce procédé, et transporter dans un
blanc songea donc à l’une des combinaisons établissement véritablement industriel cette
de cet acide, c’est-à-dire au carbonate de belle conquête de la science.
chaux. 11 fit d’abord usage du carbonate de Pour obtenir les moyens d’établir sur une
chaux par la voie humide ; il essaya d’obte échelle convenable la fabrication de la soude,
nir du carbonate de soude en faisant réagir Leblanc et Dizé s’adressèrent au duc d’Or
une dissolution de sulfate de soude sur un léans. Ce prince, qui se trouvait alors en
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