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                   l’explication de Berthollet la considération   mettantque le carbonate de chaux qui forme
                  de l’efflorescence du carbonate de soude, ef­  les murs est décomposé par le sel marin, sous
                  florescence qui fait que le sel, une fois pro­  l’influence de l’humidité qui imprègne ces
                  duit, sort, pour ainsi dire, du théâtre de   murs. Cette observation, très-curieuse et très-
                  la réaction, qu’il grimpe et s’élève au-des­  line de Chaptal, fut beaucoup remarquée de
                  sus des matières réagissantes, n’ont fait que
                  confirmer la théorie de Berthollet, puisqu’ils
                  font intervenir une seconde cause physique
                  qui vient s’ajouter à la première, à l’action
                  des masses, et concourir au même effet.
                    La théorie de Berthollet ainsi complétée
                  explique d’une manière assez satisfaisante
                  le fait, anormal au point de vue chimique,
                  de la décomposition de la craie par le sel
                  marin, en présence de l’eau.
                    Quand l’eau des lacs qui doivent fournir
                  le natron est très-concentré par la chaleur
                  solaire, elle prend 'une coloration rouge.
                  Cette coloration provient d’être organisés
                  microscopiques, animaux ou végétaux (crus­
                  tacés brachiopodes ou protococcus). Ce signe
                  indique l’approche de la récolte.
                    Après l’évaporation complète de l’eau du
                  lac, on recueille, en les détachant comme
                  nous l’avons dit, à coups de barre de fer, les
                  incrustations cristallines qui sont formées
                  de carbonate de soude, de sel marin, de sul­
                                                                         Fig. 327. — Chaptal.
                  fate de soude et de quelques centièmes de
                  matières insolubles.                      son temps. On la présenta avecraison, comme
                    Dans les autres contrées que nous avons   confirmant la théorie de Berthollet sur l in-
                  citées, le natron se produit également sous   lluencedesmasses qu i provoquent des réactions
                  forme de cristaux qui apparaissent après l’é­  contraires aux lois habituelles de l’affinité.
                  vaporation des eaux des lacs par les chaleurs   Chaptal a également trouvé du carbonate de
                  de l’été.                                 soude provenant d’une réaction toutepareille
                    On a découvert en France quelques tra­  dans les souterrains de Salze, près de Perpi­
                  ces de natron, mais elles n’ont pas une impor­  gnan.
                  tance industrielle. Chaptal, en remontant la
                  petite rivière du Lez, (pii coule à deux kilo­  Telles sont les sources naturelles, pour
                  mètres de Montpellier,observa sur les tufs qui   ainsi dire, de la soude. Ces sources étaient
                  bordent cette rivière, de nombreuses efflores­  les seules que l’on connût autrefois, c’est-
                  cences de natron, mêlées de sulfate de soude.  à-dire jusqu’à l’année 1792. A cette époque
                   • Ce même savant avait trouvé beaucoup de   la France, qui ne produisait que dessoudes
                  carbonate de soude sur les murs des villes de   naturelles très-médiocres, était forcée de
                  Grasse et de Draguignan. Il expliqua ce fait   s’adresser à l’étranger, pour se procurer
                  par lathéoriede Berthollet, c’est-à-dire enad-   une substance indispensable à plusieurs de
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