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476 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
l’explication de Berthollet la considération mettantque le carbonate de chaux qui forme
de l’efflorescence du carbonate de soude, ef les murs est décomposé par le sel marin, sous
florescence qui fait que le sel, une fois pro l’influence de l’humidité qui imprègne ces
duit, sort, pour ainsi dire, du théâtre de murs. Cette observation, très-curieuse et très-
la réaction, qu’il grimpe et s’élève au-des line de Chaptal, fut beaucoup remarquée de
sus des matières réagissantes, n’ont fait que
confirmer la théorie de Berthollet, puisqu’ils
font intervenir une seconde cause physique
qui vient s’ajouter à la première, à l’action
des masses, et concourir au même effet.
La théorie de Berthollet ainsi complétée
explique d’une manière assez satisfaisante
le fait, anormal au point de vue chimique,
de la décomposition de la craie par le sel
marin, en présence de l’eau.
Quand l’eau des lacs qui doivent fournir
le natron est très-concentré par la chaleur
solaire, elle prend 'une coloration rouge.
Cette coloration provient d’être organisés
microscopiques, animaux ou végétaux (crus
tacés brachiopodes ou protococcus). Ce signe
indique l’approche de la récolte.
Après l’évaporation complète de l’eau du
lac, on recueille, en les détachant comme
nous l’avons dit, à coups de barre de fer, les
incrustations cristallines qui sont formées
de carbonate de soude, de sel marin, de sul
Fig. 327. — Chaptal.
fate de soude et de quelques centièmes de
matières insolubles. son temps. On la présenta avecraison, comme
Dans les autres contrées que nous avons confirmant la théorie de Berthollet sur l in-
citées, le natron se produit également sous lluencedesmasses qu i provoquent des réactions
forme de cristaux qui apparaissent après l’é contraires aux lois habituelles de l’affinité.
vaporation des eaux des lacs par les chaleurs Chaptal a également trouvé du carbonate de
de l’été. soude provenant d’une réaction toutepareille
On a découvert en France quelques tra dans les souterrains de Salze, près de Perpi
ces de natron, mais elles n’ont pas une impor gnan.
tance industrielle. Chaptal, en remontant la
petite rivière du Lez, (pii coule à deux kilo Telles sont les sources naturelles, pour
mètres de Montpellier,observa sur les tufs qui ainsi dire, de la soude. Ces sources étaient
bordent cette rivière, de nombreuses efflores les seules que l’on connût autrefois, c’est-
cences de natron, mêlées de sulfate de soude. à-dire jusqu’à l’année 1792. A cette époque
• Ce même savant avait trouvé beaucoup de la France, qui ne produisait que dessoudes
carbonate de soude sur les murs des villes de naturelles très-médiocres, était forcée de
Grasse et de Draguignan. Il expliqua ce fait s’adresser à l’étranger, pour se procurer
par lathéoriede Berthollet, c’est-à-dire enad- une substance indispensable à plusieurs de