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480 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
teur de la découverte de la soude factice, chargea M. Dizé, son préparateur, de le suppléer
pour cet examen. Leblanc se mit aussitôt à l’œuvre
est aujourd’hui très-instructive et très-inté
dans le laboratoire de Darcet, au Collège de France,
ressante à connaître. sous les yeux et avec la collaboration de M. Dizé. Il
Dans le début de ses travaux,opérant d’après incinéra un mélange de trois parties de charbon pul
l’idée de la Métherie, Leblanc se bornait à vérisé avec une partie de sulfate de soude, jusqu’à
ce que le charbon fût entièrement brûlé ; mais ce
calciner un mélange de trois partiesde char
produit n’était qu’un sulfure, et ne justifiait en au
bon pulvérisé et d’une partie de sulfate de cune manière l’opinion qu’il avait avancée. Il sou
soude. Mais que pouvait-il obtenir en opérant tint cependant qu’il avait obtenu de la soude par ce
procédé, et, pendant quinze jours, il exécuta un
ainsi ? Comme nous l’avons dit plus haut, un
très-grand nombre d’incinérations de sulfate de
simple sulfure de sodium. La soude se trou soude et de charbon, en variant les proportions du
vait donc convertie en un produit tout autre mélange et les conditions de l’expérience; mais il
ne fut pas plus heureux.
« Le procès-verbal des essais était rédigé avec la
plus grande exactitude par M. Dizé; il détruisait la
valeur du procédé de Leblanc. Darcet allait adresser
au duc d’Orléans un rapport défavorable; Leblanc,
soutenu par cette persévérance infatigable qui bien
souvent est le génie des découvertes, le pria de dif
férer et de lui permettre de continuer ses recher
ches avec l’assistance de M. Dizé.
« Mais un autre obstacle allait l’arrêter encore,
de nouveaux essais devaient l’entraîner dans des
dépenses qui auraient été trop onéreuses pour lui.
Darcet leva cette difficulté en obtenant du duc d’Or
léans qu’il en ferait les frais. Dès ce moment, un
plan d’expériences fut arrêté entre les deux colla
borateurs, et ils se mirent à l’œuvre. »
La formation du sulfure de sodium pendant
la calcination du sulfate de soude avec le char
bon, était la réaction qu’il s’agissait d'empê
cher. Pour y parvenir, il fallait déterminer
avec soin les proportions du sulfure formées
dans chaque produit, afin de comparer ces
produits entre eux et d’apprécier la valeur
relative des résultats de chaque expérience.
L'azotate de plomb, les acides, furent tour à
que celui qu'il importait de former.Ilfut bien
tour employés comme moyens de dosage du
tôt conduit à modifier cette insuffisante mé
sulfure de sodium. Enfin, Leblanc eut l’idée
thode.
de faire usage, dans le même but, d’un cou
M. Félix Boudet, auteur d’une intéressante rant d’acide carbonique dégagé du carbonate
Notice historique surDizé,le collaborateur de
de chaux. L’acide carbonique chassait le
Leblanc,raconte ainsi commentée dernier fut soufre, à l’état d’acide sulfhydrique, et
amené à perfectionner ses premiers procédés :
transformait ainsi le sulfure en carbonate.
« Leblanc, nous dit M. Félix Boudet, fit des dé Cette élimination du soufre par l’acide
marches auprès du duc d’Orléans. Le prince l’accueil carbonique, et la formation du carbonate de
lit avec bienveillance, mais refusa de prendre aucun
soude, qu’il n’avait d’abord employée que
engagement avec lui avant que Darcet eût constaté
la valeur réelle de son procédé. Darcet était alors comme moyen d’analyse dans le cours de
très-occupé d’un travail relatif aux monnaies; il ses opérations, frappèrent vivement l’esprit