Page 72 - Bouvet Jacques
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<c Honneur aux braves de cette nuit! s'écrie
« M. Rollier; qui peut mourir n'est jamais faible.
<c Le père Dupraz et ses fils, Gaynon, Mottu, J.
<c Gauthier, F. Mestrallet, J.-L. Ticon, Chevallet
« dit Passy, Mamet, de Rive, Portay, J. Lom-
<c bard, Chapelier, Bourgeois, le charpentier, L.
<c Malfroy, J.-C. Baud, sont des noms que les
<c fidèles de Thonon ne devraient jamais oublier. ,,
La justice veut aussi que l'on nomme avec non
moins d'honneur F. Berthet, de Reyvroz, le fils
l' Epenix, du Lyaud. Mais pourquoi ne pas nom-
mer le Lyaud tout entier, dont la population
fut héroïque ? Aussi, comme témoignage bien
glorieux pour eux, ce fut à leur garde que l'on
confia l'apôtre libéré. Mais on ne le leur abandon-
na qu'après qu'une immense multitude l'eût
accompagné longtemps sur la route du Lyaud,
tant pour jouir de la délivrance du défenseur de
sa foi, que pour le protéger encore contre la
violence de la force armée, si elle eût osé tenter
un retour. L'Oncle Jacques pleurait d'attendris-
sement devant une pareille démonstration de foi
et de dévouement. Comme saint Pierre, après sa
délivrance, il croyait rêver ; puis il remerciait
Dieu de sa protection, il remerciait ses libérateurs
de tant de dévouement ; puis il en revenait à
gémir sur les victimes et désirait revoir au moins
le corps inanimé du pauvre Baud, tué pour lui.
Mais la foule, toute à son bonheur, ne voulait pas
l'exposer aux funestes retours de la fortune.
L'Oncle Jacques arriva triomphalement au
Lyaud ; on touchait au matin ; le reste de la nuit
fut une fête consacrée par la prière et par de