Page 74 - Bouvet Jacques
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Le 13 frimaire (4 décembre), la justice de paix
leva le cadavre, et, le lendemain, l'adjoint muni-
cipal Dantand rédigea le registre mortuaire, sans
mentionner les circonstances de cette mort.
Un certain nombre de ceux qui avaient pris
part à cet admirable coup de main furent incar-
cérés; mais, il n'y eut de suite sérieuse contre
aucun détenu.
D'ailleurs le Directoire n'existait plus; le 18
brumaire précédent, un coup d'Etat, vigoureuse-
ment exécuté, avait fait passer la France sous le
régime consulaire : une ère réparatrice venait de
s'ouvrir; Bonaparte s'était mis au timon des
affaires. Lasse de se débattre dans l'anarchie et
le sang, la France ratifiait le 18 brumaire.
Mais le clergé ressentit peu tout d'abord le
bénéfice de cette nouvelle constitution ; aucune
des lois qui l'atteignait ne fut encore rapportée
et l'on vit, çà et là, des proconsuls zélés attiser
encore le feu de la persécution.
Quant à !'Oncle Jacques, on se tromperait, si,
après une courte détention, on le supposait de-
venu accessible à la crainte ; il se remit, comme
auparavant, aux œuvres de son apostolat et ne
rabattit rien de son zèle.
« C'est miraculeux! avons-nous ouï dire à nos
« vieillards, personne n'est mort sans sacrements
« pendant les huit années d'affreuse mémoire
« qu'a duré la persécution, à moins que le malade
« n'ait refusé ou que l'on ait négligé d'appeler
<< !'Oncle Jacques; il était à tout et à tous ; chré-
« tiens fidèles ou sans-culottes, sa charité ne
cc mettait point de différence entre eux ; toutes ces