Page 70 - Bouvet Jacques
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Pendant ce temps, il vint à quelques femmes
une pensée qui témoigne de leur présence d'esprit:
craignant que les sbires n'emmenassent le détenu
à Rive et ne l'embarquassent pour être ensuite
1 déporté à l'île de Ré ou dans la Guyane, comme
1 on l'avait fait l'année précédente pour M. le
t grand vicaire Dubouloz, elles coururent au bord
du lac, lancèrent à l'eau tous les bateaux qui y
étaient amarrés et cachèrent les rames.
i Il était plus de minuit; il y avait quatre lon-
j gues heures qu'on luttait pour enfoncer cette
lourde porte, toute hérissée de fer. Dupraz, le
charron, Bourgeois, le charpentier, eurent l'idée
d'ouvrir des trous avec un vilebrequin, en décri-
vant des cercles dont ils enfonçaient le centre ;
mais l'on avait compté sans les énormes verroux
qui mordaient dans la taille et qu'un archer posté
derrière la porte, maintenait solidement fermés.
« Des batterants I s'écrie-ton, vite des batte-
<< rants 1 » Puis, armé d'un de ces puissants engins,
François Berthet, un fier-à-bras de Reyvroz,
frappe à coups redoublés ; la porte crie, les gonds
cèdent, les verroux se tordent et fléchissent ; il
frappe encore et tout s'écroule à la fois !
Hommes, femmes, tout se précipite en foule
dans le cachot du confesseur ; deux femmes, la
Marmion et la Bellîle, avaient rempli leur tablier
de poivre qu'elles jetaient, en entrant, aux yeux
des gendarmes.
Hermann veut résister et, de désespoir, il couche
le confesseur en joue; mais un des sauveurs lui
assène sur la tête deux coups de gourdin et l'en-
voie rouler à terre ; sans !'Oncle Jacques, on