Page 65 - Bouvet Jacques
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« bien que mon tour va aussi venir; mais Je ne
« vaux pas mieux que tant d'autres qui m'ont
« précédé ; à la garde de Dieu 1 » On pleurait au-
tour de lui ; on avait les plus noirs pressentiments ;
mais tout fut inutile. Voyant son irrévocable dé-
termination, la fille Mérandon, enfant de douze
ans, se coupa les cheveux pour que l'Oncle Jac-
ques s'en fit une queue et fût mieux déguisé; ,
c'était alors pour les hommes la mode de porter les
cheveux en queue tressée. (C'est d'elle-même que
M. Rollier tient ces détails.)
Ainsi attiffé, une hotte sur le dos, l'Oncle Jac-
ques se mit en route, évitant la voie publique,
préférant les chemins de traverse.
Nous avons dit que, après avoir visité son ma·
lade, il devait aller chez M. Fornier, qui l'atten-
dait.
Or, vers la tombée de la nuit, la cuisinière de
M. Fornier préparait un poisson à la fontaine
voisine de l'église de Saint-Hippolyte. Une cou-
turière de ses amies s'arrêta avec elle pour causer
un instant. La cuisinière, tout heureuse, lui glisse
son secret à l'oreille. « Mais garde-toi bien, ma
« chère, d'en souffler un mot à âme du monde. »
Ce fut avec transport que la jeune couturière,
connue sous le nom de Bellîle, apprit cette bonne
nouvelle ; mais elle ne sut pas mieux contenir son
secret que sa joie ; en rentrant dans la maison où
elle était en journée, elle confia mystérieusement
la nouvelle aux personnes qui l'entouraient. -
Fut-ce indiscrétion de la part de quelqu'un d'en-
tre eux, - fut-ce malice? Nous l'ignorons; le