Page 64 - Bouvet Jacques
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Dans la matinée du 12 frimaire an VIII (3 dé-
cembre 1799), l'Oncle Jacques errait dans la
montagne des Moises, lorsqu'il reçut un message
de Thonon ; il s'agissait de descendre en ville
pour confesser un patriote malade ; il devait
passer la nuit chez M. Fornier, qui l'attendait.
L'avis était . urgent.
Le zélé missionnaire descend aussitôt à Lully~
chez Mérandon, un ami des prêtres. Il s'y trou-
vait, en ce moment même, un autre prêtre caché.
En reconnaissant la voix de l'Oncle Jacques, ce
prêtre sortit de sa cachette pour venir lui serrer
la main; il l'engage à souper et à coucher avec
lui. « Impossible, répond l'Oncle Jacques; je ne
« puis pas m'arrêter; je suis attendu à Thonon
(< pour signer le passeport d'un patriote <lange-
(< reusement malade. - Croyez-moi, c'est un
« piège; ils vous veulent à tout prix; vous allez
« vous jeter dans un guet-apens. - Mais non, mon
« bien-aimé confrère, c'est un des nôtres qui m'a
« envoyé un messager et il avait la consigne. -
<, Mais, Monsieur, vous êtes trop surveillé et trop
« connu pour n'être pas découvert et arrêté. -
<< Eh bien I qu'importe ? - Qu'importe ? votre
« arrestation portera un coup funeste aux mis-
'' sions dont vous êtes l'âme et le chef ; quand
<< vous serez à Ré, que deviendront tant d'âmes
,, qui n'ont confiance qu'en vous ? Laissez passer
« l'orage et réservez-vous pour des temps meil-
'' leurs. n Mérandon joignait ses représentations à
,, celles du prêtre ; mais rien ne put arrêter ni
<< intimider l'intrépide missionnaire. << Peut-être