Page 59 - Bouvet Jacques
P. 59
- 48 -
en voulaient ce jour-là. Ils venaient chercher du
secours pour arrêter un incendie qui s'était dé-
claré dans les bois communaux de la ville.
Une nuit, après avoir dit la messe à Reyvroz,
où s'étaient rassemblés les fidèles de La Forclaz
et de La Vernaz, l'Oncle Jacques conduisit ces
trois paroisses en procession jusqu'à la chapelle
qui domine la montagne d'Hermone.
Une autre fois, il entrait en ville, accompagné
de M. Fornier, quand il rencontra vers le canal
M. l'avocat F ... Celui-ci outrepassa, puis il se
retourna, se doutant que ce paysan pouvait bien
être un calotin. « Nous sommes découverts, dit
M. Fornier à son compagnon ; faisons encore quel-
ques pas; mais, pour ce soir, retirez-vous à la
montagne. » Il avait deviné juste; cet avocat alla
le dénoncer, et la même nuit, à onze heures, les
gendarmes vinrent visiter toute la maison For-
nier. C'était le 27 août 1798.
L'Oncle Jacques rencontra un jour sur Crête
... · '
• • • • 1 l'ex-barnabite Michaud, curé constitutionnel de
.. ··
Thonon. « Gare à toi, Bouvet, lui dit le prêtre
infidèle qui le reconnut, tu t'exposes; crois-moi,
retourne te cacher ; si je voulais, je te ferais arrê-
ter. » L'Oncle Jacques fit semblant de profiter de
l'avis ; mais il fit un détour, rentra en ville par un
autre chemin et se retira chez son ami Mamet.
Ce fut là un trait vraiment providentiel : la mère
Charrière, à Rive, et Mme Buffet, institutrice à
Thonon, étaient dangereusement malades. La
première réclamait un prêtre à grands cris, disant
qu'elle ne voulait pas mourir sans sacrements: