Page 60 - Bouvet Jacques
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           elle  priait pour obtenir cette grâce.  Sur ces  entre-
           faites,  on  sut que  l'Oncle Jacques se  trouvait par
            hasard  chez  Mamet.  La  joie  fut  dans  la  maison.
            L'Oncle Jacques arrive; il  n'avait qu'une hostie;
            il la divise en  deux, conf esse et administre succes-
            sivement ces  deux  personnes,  qui  meurent aussi-
            tôt.  On  aurait dit qu'elles  n'attendaient plus que
            les  secours  de  l'Eglise  pour  faire  le  voyage  de
            l'éternité.
              <<  Le 14 août 1798,  dit M.  Vuarin,  la  gendarme-
            rie  de  service  à Thonon,  renforcée  par  une  ving-
            taine  d'hommes  de  la garde  nationale, était allée
            chercher M.  Bouvet au  village  du  Lyaud,  où  elle
            fit  les  perquisitions  les  plus sévères  dans  presque
            toutes  les  maisons.  Ce  fut  encore  sans  résultat,
            M.  Bouvet leur échappa par les  galetas.  Les  gens
            de  la  force  qui  étaient arrivés,  tambour battant,
            s'en retournèrent,  le  plus grand  nombre  penauds,
            et  quelques  gardes  nationaux  très  contents  de
            n'avoir rien  trouvé.  Quand  tout fut  parti,  on  re-
            présenta  à  l'Oncle  Jacques  que  ce  serait  impru-
            dent de dire la messe ce jour-là. « Ils ont bien fait
            aller  leur tambour, dit-il ; faisons  aller  aussi notre
            sifflet.  »  La messe fut  dite sans encombre,  et ces
            braves gens  remercièrent Dieu  d'avoir sauvé  leur
            apôtre.
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