Page 63 - Bouvet Jacques
P. 63
- 52-
de tant de mystifications successives ; il fallait en
finir avec cet insaisissable calotin ; on n'épargna
pour ce résultat ni promesses, ni menaces, ni
mensonges, ni perfidies. Déjà même, en juin 1798,
les gendarmes happèrent assez vivement M. le
grand-vicaire Dubouloz, « Me prenant pour
(( l' Oncle Jacques, dit-il lui-même. » Cet admira-
ble confesseur de la foi, digne des plus beaux
temps de l'Eglise, fut déporté à la citadelle de
l'île de Ré.
Sans rien rabattre de son zèle, l'Oncle Jacques
continuait l'œuvre de Dieu, s'abandonnant filia-
lement à la garde de la Providence. A moins
qu'elle ne continuât un miracle de protection,
toutes les ressources de l'Oncle Jacques ne pou-
vaient le sauver toujours. Comme ces héros de la
foi, dont nous parle saint Paul, l'Oncle Jacques
dut encore mener une vie tourmentée, errante~
condamnée à toutes sortes de privations, d'angoisses,.
de persécutions, cherchant un asile dans la solitude,.
dans les montagnes, dans les antres et les cavernes
de la terre. Il ne manquait plus, ce semble, à cette
carrière apostolique, que la gloire de la prison et
des chaînes. Dieu allait enfin lui donner ce couron-
nement, en permettant qu'il fut arrêté.
Le récit de cet évènement, aussi glorieux pour
la religion que pour M. Bouvet et pour les popu-
lations du Chablais, n'a pas besoin des broderies
de l'imagination pour exciter le plus vif intérêt ;
il lui suffit d'être reproduit avec la simplicité su-
blime de la vérité, attestée par les documents et
le!'! témoignages les plus dignes de foi.