Page 62 - Bouvet Jacques
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meurtrières. La gloire dont Napoléon se couvrit
en Italie et en Egypte n'appartenait qu'à lui, à
l'armée et à la France ; mais elle ne rejaillissait
point sur le Directoire, qui n'avait pour son grand
capitaine qu'une inepte défiance et une sombre
jalousie. D'ailleurs, pour les affaires de la guerre,
Bonaparte commençait à s'émanciper de la tu-
telle du Directoire et de ses commissaires.
Sous le rapport religieux, on vit successivement
survenir les revirements les plus inattendus. Au
24 août 1797, on crut un moment voir se fermer
l'ère de la persécution ; on rapporta les lois iniques
de réclusion et de bannissement édictées contre le
clergé, dont un grand nombre de membres s'é-
taient rapatriés sur l'assurance de la liberté de
conscience. Puis, le 18 fructidor (4 septembre
suivant), il éclata une réaction terroriste ; on re-
mit en vigueur les lois les plus violentes contre les
prêtres et les émigrés. Le Directoire fut investi
d'une funeste omnipotence contre le clergé. Ce
fut une recrudescence de la Terreur; des ordres
pressants arrivèrent aux administrateurs des dé-
partements et des districts. C'est alors qu'on vit
se renouveler, coup sur coup, ces visites et ces per-
quisitions domiciliaires.
Nous avons vu à combien de dangers l'Oncle
Jacques avait successivement échappé pendant
le laps des sept dernières années. Outre que la
gendarmerie avait les ordres les plus rigoureux
pour opérer l'arrestation de ce missionnaire,
l'amour-propre des sbires et des agents de la force
y était intéressé. On les raillait de tant d'échecs,