Page 66 - Bouvet Jacques
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fait est que cette nouvelle parvint bien vite aux
oreilles d'un des citoyens, Michaud. Ce patriote
courut en donner avis, et trois gendarmes furent
sur-le-champ envoyés à la rencontre de !'Oncle
Jacques, sur la route de Crête, par où il devait
arriver.
Ils le rencontrèrent à l'entrée de la ville, vers
la jonction des chemins du canal de Tully et de
Crête.
Il était six heures et demie du soir : il faisait
nuit. En route, le prêtre avait échangé sa hotte
contre un panier dans lequel il y avait du beurre
et des œufs.
<< Eh bien ! citoyen, que portes-tu là ? lui dit
« un gendarme. - Des œuf s et du beurre. -
« Combien en veux-tu? - Ce n'est pas à vendre;
« c'est promis. - Suffit! tu es arrêté; viens avec
« nous. >i Et ils l'emmenèrent au milieu d'eux
comme un criminel. L'Oncle Jacques n'opposa
pas la moindre résistance ; il descendit avec eux
par la rue de la Visitation et il fut installé dans
la maison d'arrêt, avec deux gendarmes, armés
jusqu'aux dents, pour acolytes.
Le père Dupraz, charron, et ses trois fils, le
virent passer devant leur atelier : << L'Oncle
« Jacques entre les gendarmes ! s'écrièrent les
« fils. n - « Ne bougez pas, mes enfants, du cal-
cc me, du courage ! Ça ne sera rien. Voyons ... ,
cc prenez vos outils, effacez-y notre marque et
<< qu'un de vous coure avertir les amis. »
Aussitôt on annonça cette nouvelle aux mem-
bres de l'association du Saint-Zèle, qui accou-
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