Page 54 - Bouvet Jacques
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barras. cc Voilà du feu bien froid, dit-il ; si vous
nous donniez de l'eau de cerise, que l'on dit si
bonne par ici ? - Volontiers, passons au poële,
dit le patron. n On alla s'attabler dans la pièce
voisine et on réchaufîa les deux gendarmes avec
de l'eau-de-vie et du vin blanc. Le pauvre prêtre,
à demi suffoqué et asphyxié, ne descendit qu'avec
peine, pour aller respirer l'air des champs.
Dans une autre circonstance, il descendait du
Lyaud en ville ; il trouva sur le bord du chemin
des gens qui avaient fait des fagots d'épines.
« Donnez-moi, dit-il, un de ces fagots, je le por-
terai chez vous. n Il prit le fagot, la serpe, la mi-
taine en peau et il descendit en ville. Il n'y avait
qu'un instant qu'il était ainsi équipé, lorsqu'il
rencontra deux gendarmes qui allaient à sa re-
cherche. - « Avez-vous toujours votre calotin
au Lyaud ? lui dit l'un d'eux. - Il y était encore
ce matin, n répondit-il en patois, et il continua sa
route.
Une autre fois, il entra, habillé en montagnard,
portant des tommes (1) chez M. Gauthier, pour con-
fesser madame Gauthier, qui l'avait demandé. I1
trouva dans la cuisine trois patriotes. Sans se dé-
concerter et s'adressant à la demoiselle de la
maison : cc Auriez-vous besoin de tommes, ma-
dame? dit-il en patois, j'en ai de bien bonnes. -
Il faut les montrer à maman, répondit-elle ; entrez
et venez lui parler. n Il suivit la demoiselle dans la
chambre de la malade, la confessa et disparut.
(1) Sorte de fromage qu'on fabrique en Savoie.