Page 53 - Bouvet Jacques
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observation vinrent précipitamment annoncer
qu'on avait vu de loin poindre deux gendarmes,
se dirigeant vers Le Lyaud. Sans s'émouvoir, le
prêtre finit la messe; puis il se couvrit à la hâte
d'habits de femme et se mit à laver la vaisselle.
Quand les gendarmes arrivèrent, cette servante
improvisée se prit à les regarder d'un air un peu
hébêté. La maîtresse de la maison la gronda de
cette indiscrète curiosité : « Allons I allons, grosse
bête, lui dit-elle en patois, qu'as-tu à regarder là?
ces gens-là sont faits comme les autres; fais ton
ouvrage, f.. vache I autrement ... >> Les gendarmes
fouillèrent partout, en pure perte.
Une autre fois, il confessait un malade quand
on vit accourir deux gendarmes. La maison n'avait
pas d'issue secrète; mais, heureusement, on avait,
le matin même, déposé des noix dans une claie
pour les faire sécher à la cheminée de la cuisine,
et la petite échelle qui avait servi à cette opéra-
tion était encore dressée dans un coin. Le danger
était pressant; !'Oncle Jacques monte à la che-
minée et va se coucher sur la claie. Les gendarmes
entrent, fouillent la maison et ne trouvent rien ;
mais il faisait froid; Rieux, l'un d'eux, était glacé,
et prie le propriétaire de faire du feu ; mais, com-
me on ne s'empressait pas d'obéir, il prit lui-même
un fagot qu'il jeta sur le foyer. En s'allumant, le
feu jetait quantité de fumée et IJlena<'ait d'étouf-
fer le pauvre patient. Les gens de la maison ne
savaient qu'imaginer. L'autre gendarme, Ran-
don, qui avait déjà d'autres fois favorisé l'évasion
I
de !'Oncle Jacques, devina la cause de cet em-