Page 50 - Bouvet Jacques
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frérie du Saint-Zèle montait la garde depuis mi-
nuit jusqu'au jour dans les cinq passages qui abou-
tissaient à la rue de la Visitation où était située
cette maison. Un des membres les plus zélés, le
père Gaynon, allait de l'un à l'autre factionnaire
leur demander s'il n'y avait rien de nouveau;
puis, sans donner l'éveil, il retournait tranquilliser
les fidèles qui priaient.
Ils ne sortaient de la messe que un à un et à
quelque distance l'un de l'autre. Le père Dupraz
se tenait à la porte ; il donnait à celui-ci un tri-
dent, à celui-là une brouette, à un troisième un
manche de hache ou tout autre outil, afin que les
mouchards de la Révolution ne s'aperçussent de
rien. C'était chez ce père Dupraz qu'étaient cachés
les ornements de la Sainte-Maison et de la Visi-
tation, dans une chambre sans porte. On tenait
dans un tonneau, à la cave, ceux dont on se ser-
vait d'habitude.
L'Oncle Jacques disait aussi la messe assez
souvent chez M. Quinet, ou chez M. de Tollon,
ou à Concise, chez la veuve Masse, ou à Rive,
chez Mamet. Il a aussi confessé, baptisé, marié
bien des fois chez M. le docteur Rufîard, dont la
maison, favorablement située pour éviter toute
surprise, conserve encore les traces du culte qui
s'y exerçait.
Il fit aussi connaissance à Thonon de plusieurs
dames dont la foi ardente et le grand zèle à se-
courir les prêtres proscrits mériteraient que leurs
noms ne fussent jamais oubliés dans le pays.
Citons-en quelques-unes : Mlles Charmot, Collet,
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