Page 52 - Bouvet Jacques
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son rayon d'action s'était élargi. M. le grand-
vicaire Dubouloz avait en lui la confiance la
plus honorable et la mieux justifiée ; volontiers il
mettait lui-même la main à la charrue dans le
champ du Seigneur, comme un simple ouvrier
évangélique ; mais le territoire dévolu à ce grand-
vicaire dans le partage qu'il fit avec son collègue,
M. de Saint-Marcel, était trop vaste pour qu'il
pût s'occuper sérieusement d'autre chose que de
la direction sommaire des missions, des visites
et des correspondances qu'elles réclamaient. La
charge de l'Oncle Jacques s'était donc notable-
ment accrue, et, avec elle, les dangers qui en
étaient inséparables. Aussi, que de visites inat-
tendues, que de fouilles acharnées, que de ren-
contres compromettantes, que de pièges tendus à
son zèle l L'iniquité se flattait qu'en frappant le
pasteur, elle aurait plus facilement raison du
troupeau. D'ailleurs, l'existence de cet insaisis-
sable calotin devenait après tant d'échecs éprou-
vés par les sbires à sa recherche, une sorte de
honte et d'insulte auxquelles l'impiété révolution-
naire ne pouvait se résoudre plus longtemps. Il
y eut donc contre M. Bouvet un luxe de perqui-
sitions et de fureur. Mais, pendant quelques an-
nées encore, tout sera inutile contre l'homme de
Dieu; son heure n'était pas venue. Citons encore
de nouveaux traits de protection divine : en les
lisant, on croit lire la vie si dramatique de saint
Athanase, traqué par les émissaires de Constance.
Il disait un jour la messe dans une chambre au
Lyaud ; les femmes et les enfants qui étaient en