Page 47 - Bouvet Jacques
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ils soupçonnaient l'Oncle Jacques, celui-ci enfilait
une suite de galetas et s'éclipsait.
Dans les temps de bonace révolutionnaire, com-
me parle M. Vuarin, c'est-à-dire lorsque la persé-
cution se calmait un peu, c'est au Lyaud qu'il
faisait le catéchisme aux enfants de Thonon et
des villages des alentours, qui s'y rendaient quel-
quefois en foule ; il les instruisait dans une grange
et les y admettait à la première communion.
u C'est là, dit M. Rollier, qui nous a fourni la plu-
part de ces détails, c'est là que mon père a fait
sa première communion. »
Les enfants qui le pouvaient lui portaient cha-
cun un œuf, quand ils allaient se confesser, aux
Quatre-Temps ; ils les déposaient dans une cor-
beille, placée près du confesseur. Quel touchant
tableau ! quelle poétique réminiscence des mœurs
de la primitive Eglise I Pauvres enfants I il leur
apprenait les choses du ciel; ce n'était pas trop
qu'ils fournissent un peu à l'entretien de cette vie
héroïque de la terre.
Quelquefois les gendarmes, en allant à sa re-
cherche, rencontraient ces enfants revenant du
catéchisme. A leur vue, ceux-ci se dispersaient
dans les bois, ou bien, s'ils étaient surpris ou at-
teints, ils leur indiquaient une fausse direction.
Jamais les patriotes n'ont pu arracher à ces en-
fants le secret de la retraite de leur bien-aimé
catéchiste.
C'est vers cette époque que remonte l'associa-
tion du Saint-Zèle, œuvre inspirée à l'Oncle Jac-
ques par sa sollicitude pour la conservation de la