Page 46 - Bouvet Jacques
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chez l' Epenix; il en avait fait un sanctuaire et un
cabinet de travail ; il y disait la messe, y confes-
sait, y communiait et y distribuait aux fidèles de
petits livres pieux, les Etrennes religieuses, par
exemple, qu'il recevait du grand-vicaire Bigex,
par l'entremise de M. Vuarin ou par d'autres
voies. Quels noms et quels souvenirs I Il y avait
dans cette chambre une trappe imperceptible et
au-dessous un trou dans la terre, où il se glissait
dans les moments critiques. L' Epenix vint à
mourir, assisté, comme il le méritait, des conso-
lations religieuses, laissant un grand et sage gar-
çon qui fit aussi, plus tard, ses preuves de dévoue-
ment à l'Oncle Jacques. Celui-ci fut une providen-
ce pour la veuve et l'orphelin. Les détails qu'on
en donnerait rappelleraient ce que la Sainte-
Ecriture nous raconte du prophète Elie chez la
veuve de Sarepta.
Dès 1794, sa résidence la plus habituelle était
donc Armoy-Lyaud; c'était un quartier général
assez bien choisi, soit parce que ce point est à
peu près central dans le Chablais, dont l'Oncle
Jacques fut dès lors le missionnaire chef, soit
parce que, de là, en cas d'alerte, il était facile de
se sauver par les ravins de la Dranse ou en ga-
gnant la montagne d'Hermone. Du reste, tous
les habitants de ces hameaux étaient des gens sûrs,
et, comme la plupart de leurs maisons sont conti-
guës, on avait ménagé des communications de
l'une à l'autre dans les combles ; et, pendant que
·, les sbires cernaient et fouillaient une maison, où