Page 41 - Bouvet Jacques
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prudences inutiles, jamais il n'a reculé devant les '·•
imprudences exigées par son ministère, au risque
de tomber dans un piège, comme cela était arrivé à
l'abbé Vernaz, fusillé à Thonon. S'il avait quelque
guide ou compagnon, c'était !'Oncle Jacques qui
le rassurait et l'égayait; s'il n'en avait pas, il re-
courait à la prière et à ses innocents stratagèmes.
Au reste, l'affection et le dévouement de ces
bons montagnards et paysans lui servaient de
rempart, et, parmi eux, un grand nombre n'au-
raient pas hésité à exposer, à sacrifier leur vie pour
sauver la sienne. « J'en ai été moi-même témoin
« en 1794, écrit M. Vuarin; j'étais à cheval et en . .,,_
« costume de l'époque, qui servait, en quelque
« sorte, de passeport. Mon apparition donna
« l'éveil à tous les gens du hameau (du Lyaud).
« Ils accoururent, en assez grand nombre, chacun
« avec une pierre dans sa poche et formèrent
« cercle autour·de moi. Heureusement que !'Oncle
« Jacques m'aperçut à travers les vitres de la fe-
« nêtre et me reconnut à ma voix. Soyez tranquilles,
« leur cria-t-il en patois, c'est un des nôtres. - Il
« riait chaque fois qu'il y pensait, et il m'a sou-
« vent répété : Sans moi, mon ami, tu étais flambé.
« Avec son sifflet, il aurait réuni, en peu de temps,
« tous les habitants des vallées et des montagnes,
« et il en aurait disposé à son gré, tant étaient
« grandes la vénération et l'affection qu'on lui
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