Page 36 - Bouvet Jacques
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          serment.  Quelques  prêtres,  déjà  infidèles,  l'imi-
          tèrent  indignement,  en  livrant  leurs  lettres  de
          prêtrise.

             Pendant que la persécution sévissait d'une ma-
          nière  si  atroce,  qu'était  devenu  M.  Bouvet ?
                                                 '
            Certes,  ce  n'était  pas  à  l'Oncle  Jacquès  qu'il
          fallait  proposer  le  serment  d'Albite.  Confiant  en
          Dieu,  il  continuait  son  existence  nomade,  sans
          s'inquiéter  d'Albite  ni  de  Robespierre.  Toujours
          prêt à voler au signal du moindre besoin, même au
          plus fort de la Terreur, il était constamment occu-
          pé  à  exercer son  saint ministère  dans  les  monta-
          gnes,  dans la  plaine et quelquefois  même jusqu'à
          Thonon ;  il  voyageait jour et nuit et il  se  multi-
          pliait.  Il  accourait partout où  son  ministère était
          demandé.  Il  a  eu  le  courage  d'aller  administrer
          les  femmes  ou  les  mères  des  plus méchants révo-
          lutionnaires  du Biot,  dans les  temps  les  plus  ora-
          geux.  Les  traits  de  ce  genre  sont  trop  nombreux
          pour  être  racontés  ici.
            Il  disait  la  messe  les  jours  de  dimanche  et  de
          fête,  d'abord à minuit au Biot, ensuite à  La  Ver-
          naz ou à  La Forclaz, et enfin à Reyvroz, toujours
          dans  des  maisons  privées  ou  dans  des  granges.
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            Dans les maisons où il y avait un mort, il  allait
          faire  les  prières  prescrites  par  le  Rituel  pour  la
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          sépulture ;  souvent  même  il  y . disait  une  basse
          messe  pour  le  défunt.
            La  commune  de  Reyvroz,  quoique  éloignée  de
          trois  lieues  du Biot,  était fréquemment  favorisée
          des visites de  l'Oncle Jacques ; il  y  avait des  per-
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